Les industriels et inventeurs

Barthelemy Thimonnier

Résumé

Barthélemy Thimonnier – Inventeur 1793-1857     Sous le signe de la malchance     La vie en France est particulièrement agitée en cette année 1793. Louis XVI à été exécuté au mois de janvier ; la Vendée se soulève en […]

Barthélemy Thimonnier – Inventeur

1793-1857

 

 

Sous le signe de la malchance

 

 

La vie en France est particulièrement agitée en cette année 1793. Louis XVI à été exécuté au mois de janvier ; la Vendée se soulève en mars ;  Marat assassiné au mois de juillet. Lyon, en rébellion avec la Convention est assiégée par Kellermann et en août, la département de Rhône-et-Loire sera scindé en deux.

C’est en ce mois d’août, le 17 que Barthélemy Thimonnier naquit au 15 de la rue Charles de Gaulle, d’un père teinturier. Il était l’aîné d’une famille de 7 enfants.

Dans sa jeunesse, il va  étudier à la Manécanterie: et au petit séminaire Saint-Jean, de Lyon.

A l’adolescence Thimonnier devint tailleur de profession. D’après Pierre Valin, il serait venu apprendre son métier à L’Arbresle chez des membres de sa famille maternelle, les Dubost Ce métier sera à l’origine de son inven­tion, la machine à coudre ; il sera surtout son gagne-pain dans les moments difficiles.

Des moments difficiles, il y en eut beaucoup dans la vie de cet homme dont le génie fut longtemps méconnu.

Trois semaines avant d’avoir 20 ans, le 9 juillet 1813, Thimonnier épouse par devant Jean De Pomey de Rochefort, maire d’Amplepuis, Jeanne?Marie Bonnas­sieux, de quatre ans plus âgée que lui.

De cette union devaient naître trois fils : Jean?François, Pierre et Louis.

Malheureusement, devenu veuf, c’est sa mère qui sera obligée de s’occuper des trois petits enfants dont l’aîné n’a que 6 ans.

Thimonnier quitte alors Amplepuis et va travailler, gagner sa vie « tailleur journalier» à Panissières, petite commune sur la lisière du département de la Loire et du Rhône.

C’est à Panissières qu’il fait connaissance d’une brave fille, Magdeleine Varinier, brodeuse, qu’il épouse en janvier 1822.

Il y restera 3 ans et en 1825 , il va s’installait avec ses enfants et sa seconde épouse à Valbenoite, faubourg de Saint-Etienne, pour y exercer sa profession de tailleur d’habits.

Dans le quartier des Forges de la petite commune, pas encore rattachée à Saint-Étienne, il poursuivait une idée qui, depuis longtemps, occupait son esprit : disposer d’un "métier" qui lui permettrait de coudre plus vite par l’action d’une mécanique. II voyait bien que le mouve­ment le plus utile serait celui d’un crochet agissant comme le doigt des brodeuses qui nouent si prestement les mailles de leur "point de chaînette".

 

 

 

Tourmenté par son problème, Thimonnier passait, chaque jour, beaucoup de temps à de mystérieux essais dans une cabane à l’arrière de son domicile.

Peu exercé à la mécanique, il avait élabo­ré à grand peine un montage en bois qui matérialisait, sommairement, les mouve­ments manuels d’une ouvrière.

 

Les prototypes

 

A une date et dans des circonstances non connues, le tailleur de Valbenoite dévoila sa préoccupation à Auguste Ferrand, répé­titeur à l’Ecole des Mines. Celui?ci comprit l’immense intérêt d’une telle machine, s’il était possible de la réaliser. Il proposa à Thimonnier de l’aider en dessinant, lui­-même, des pièces mieux étudiées puis d’en faire exécuter, dans l’atelier de l’Ecole, la fabrication et l’assemblage. Il promit même de rédiger la demande d’un Brevet d’Invention et d’en avancer les frais de dépôt. Il s’engageait, auprès de Thimonnier, à financer la construction de deux exemplaires d’un prototype, l’un des deux devenant sa propriété pour une somme de cinquante francs.

Plus tard, un contrat d’association sous seing privé précisera tout cela, en date du  mars 1892. Avant même de rédiger cette convention écrite, l’entrepreneur répétiteur avait lancé la fabrication des pièces par l’atelier d’en­tretien de l’Ecole.

C’est alors qu’intervint un troisième homme : Pierre Clair. Cet ancien berger de Haute Loire avait toutes les qualités manuelles que Thimonnier n’avait pas, et qui avait probablement une intelligence hors du commun. Ferrand l’utilisa habilement comme on le verra plus loin.

 

Les précurseurs

 

Thimonnier est considéré comme l’inventeur de la machine à coudre à fil continu. Si je précise « à fil continu » c’est qu’il serait malséant d’oublier ceux qui, avant Thimonnier, ont essayé, sans grand succès, de résoudre le problème de la couture mécanique.

Ces précurseurs sont nombreux, mais, à la vérité, pour certains, rien n’authentifie leurs recherches, et encore moins leur réussite.

Citons donc par ordre chronologique : Charles Weis­enthal, tailleur (1755) ? Thomas Saint, menuisier (1790) ?Thomas Stone et James Henderson (1804) ? John Duncan (1804) ? Madersperger, tailleur (1807) ? Krems, bonnetier (1813) ? Dodge (1818) sans oublier cet officier de la Marine française dont on ignore le nom et qui, en 1789, aurait ima­giné un moyen mécanique de coudre les voiles.

Ce qu’il y a d’absolument certain, c’est que tous ces cher­cheurs pour la plupart de nationalités différentes, se sont mutuellement ignorés.

On remarquera que Weisenthal et Madersperger étaient tailleurs, tout comme Thimonnier, et on comprend qu’en faisant le geste mille fois répété de tirer l’aiguille; ait germé dans leur cerveau l’idée de réaliser mécaniquement la couture afin de réduire leur fatigue.

Toute invention est d’abord une idée, qui peut se réaliser de diverses façons, mais finalement, l’inventeur, c’est celui qui dépose un brevet pour sa réalisation, prouvant ainsi qu’il y a l’idée et qu’elle est réalisable.

 

Le dépôt de Brevet

 

Pierre Clair (qui ne connaissait pas le tailleur de Valbenoite) fut chargé par Ferrand de fabriquer deux bâtis et toutes les pièces des prototypes. L’astucieux intermédiaire voulait tenir caché la desti­nation de ce matériel mais il lui était impossible d’en faire mystère auprès de son directeur, l’ingénieur Beaunier.

Cependant, Clair était trop compétent et perspicace pour ne pas saisir la fonction des machines qu’il avait à construire. Il en comprit même les naïvetés de conception et un jour que Monsieur Beaunier le ques­tionnait sur I’avancement des travaux, le jeune technicien lui déclara qu’on était loin d’un succès possible. Pour démontrer la valeur de ses propres idées, il se fit autori­ser à construire des organes différents qui permettraient enfin à "ce métier pour points de chaînette" de devenir la premiè­re machine capable de coudre mécanique­ment des pièces d’étoffe.

Cependant, talonné par Ferrand qui tenait à son dépôt de Brevet, Clair n’eut pas le temps de porter le prototype à la perfec­tion. C’était en 188.

Dix?sept ans plus tard, Thimonnier reconnaîtra que cette machine "restait com­pliquée, lente, sujette à fréquents dérange­ments, imparfaite dans ses résultats".

Les modifications tolérées permirent au moins à Ferrand de corriger les dessins qu’il incorpora dans sa demande de Brevet.  Celle?ci fut déposée le 13 avril 1830 sous les noms "associés" de Ferrand et Thimonnier, et, le 17 juillet suivant, le Ministre de l’Intérieur (comte de Peyronnet) en signait l’attestation.

L’audacieux Ferrand avait déposé, le 8 juin, les statuts d’une société "ayant pour but unique et spécial d’exploiter l’inven­tion

 

 

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