Les guerres, conflits et invasions Les militaires et politiques

Le général Guibaud

Résumé

Commandeur de la Légion d’Honneur
Grand Officier de l’Ordre National du Mérite
Croix de Guerre 1939-1945
Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures
(8 citations)

1909 : Naissance à Persanges – Savigny.
1930 : École Militaire Spéciale de Saint-Cyr.
1933 : Major des officiers coloniaux de sa promotion, il choisit l’Infanterie de Marine.
1933 : Ce sera alors le Sahara, de 1933 à 1939, les Groupes Nomades, celui d’Atar en Mauritanie, les raids méharistes, les missions de renseignement et de reconnaissance, l’autonomie dans l’action, les responsabilités, les grands espaces et les longues méharées.
1940 : en France, en juin 1940, il tient, avec sa compagnie de Sénégalais, le dernier point de résistance dans le Cotentin. Le 20 juin, il est fait prisonnier et envoyé au delà de l’Oder, en Pologne. Il s’évadera en janvier 1945, à ‘approche de l’armée soviétique.
1945 : Dès son retour de captivité, il demande son affectation au 6ème R.I.C. en partance pour l’Extrême-Orient. Il arrivera, avec cette Unité, en novembre 1945, en Cochinchine.
Commandant de Compagnie, il participera à de nombreuses opérations.
1948 : Il est au Service de l’Inspection des Forces Terrestres d’Outre-mer.
1949 : Il intègre l’École Supérieure de Guerre.
1951 : Il est Secrétaire d’État aux Forces Armées.
1952 : Retour en Indochine.
1955 : Il est à l’État-major des Forces Armées.
1957 : Commandant militaire de la Mauritanie.
1960 : Directeur du Cabinet militaire du ministre des DOM-TOM.
1961 : Chef d’État-major des Forces Terrestres d’Outre-mer.
1962 : Commandant de la 26ème Division et du Sahara.
1963 : Adjoint au général Commandant en chef en Algérie.
1964 : Adjoint au général Commandant en chef en Allemagne.
1964 : Commandant Supérieur des Forces Françaises à Madagascar et Océan indien.
1966 : Directeur Général au Service de Documentation Extérieure et de Contre-espionnage.
1971 : Conseiller d’État en Service Extraordinaire.
1975 : Retraite à Persanges.

Les premières armes : le méhariste

Mai 1933 – le lieutenant Guibaud arrive à Saint-Louis pour sa première affectation : de Podor à Atar, il va emmener 80 recrues sénégalaises à travers le désert.

Pour la première fois, il va s’asseoir dans le baquet d’une “rahla” où, par la suite, il passera tant de bonnes heures de sa vie nomade.

Du 18 mai au 19 juin, ce seront les dunes, les chaos de roches, les bivouacs, la recherche des points d’eau, avec souvent des puits à sec, bref, la découverte du désert qu’il avait tant souhaité après la lecture de L’escadron Blanc  de Joseph Peyré. Comme il l’écrit dans son journal, “la lecture de ce livre fut une véritable illumination. En refermant l’ouvrage, ma résolution était prise : je serai Méhariste…”

Un bivouac

Une aventure saharienne – août 193

Une remonte des diverses unités de l’Adrar doit avoir lieu au Trarza, près de Boulimit. L’opération est confiée au lieutenant Guibaud qui doit ramener 200 montures.

Pour gagner Boulimit, il y a deux itinéraires  :  celui des caravanes,  le plus sûr mais le plus long,  qui part de la région d’Akjoujt  et  suit  la  chaîne  des  puits de Toumi, Zar…  Et puis, il y a la route directe  plus  courte  d’un tiers,  à travers  les  massifs  dunaires qui barrent  en  écharpe  les grandes étendues du Sud-Ouest de l’Adrar jusqu’à  l’Atlantique.  Aucun puits,  aucun point de repère.  Il faut naviguer à  l’estime et tomber sur le puits cherché à 400 kilomètres du point de départ.  Avec un excellent guide, la chose semble possible.  Or, un  goumier, originaire du Sud, assure très bien connaître cet itinéraire.

Fort de ses trente mois de désert, le lieutenant Guibaud  décide de risquer l’aventure.

Et c’est le départ à travers les grandes dunes de l’Amatlich. La traversée de ce massif de sable est  réputée difficile.  Le sable est mou ; bêtes et gens enfoncent jusqu’au genou.  La chaleur est intense et  le  vent  d’Est noie le paysage dans une brume  de sable rougeâtre.     Les animaux, habitués aux  terrains plats, fatiguent beaucoup.

Les jours passent.  Toutes les mares escomptées sont à sec. L’eau va manquer ; les rations sont limitées à trois verres par jour. Les animaux ne veulent plus manger car ils ont trop soif. La situation est tragique et le pire est envisagé !

 Pendant une sieste qui aurait très bien pu être la dernière, les montures s’éloignent. Partis à leur recherche, les hommes font la découverte miraculeuse de traces fraîches d’un troupeau de  chamelles accompagnées de leurs petits; les bergers expliquent qu’ils viennent de faire  faire à leurs bêtes leur cure annuelle de  plantes salées !

Ils s’étaient éloignés de quelques kilomètres de la route et sans cette rencontre providentielle, nul ne les aurait revus.

Le lieutenant Guibaud à la tête de son détachement

Deuxième séjour colonial : Mauritanie – Sahara. 1937 – 1940

Officier de liaisons entre les deux rives du Sahara occidental, le lieutenant Guibaud est basé au Poste de Bir Moghrein tenu par une garnison de Goumiers Berbères, renforcée par un Goum Maure Méhariste. Cette zone est parcourue par des Tribus Reguibat à demi dissidentes.

À Fort Gouraud, le lieutenant Guibaud rencontre le fameux reporter Jean d’Esme et ses deux opérateurs qui viennent de tourner, en Mauritanie, un documentaire sur les Méharistes qui paraîtra l’année suivante sur les écrans sous le titre des “Sentinelles de l’Empire”.

Jean d’Esme ayant filmé la garnison et le Goum avec son chef, c’est ainsi  que le lieutenant Guibaud se retrouva sur l’affiche du film.

Le capitaine de Kerviler devant sa tente, avec le lieutenant Guibaud

L’Indochine. 1945-1948 et 1952-1955

En mars 1946, le commandant Guibaud débarque à Haï-Phong sous la canonnade Chinoise. En juin, il prend le commandement du 3ème Bataillon du 23ème R.I.C. à Tourane. Lors de la grande offensive Viêt-Minh de décembre 1946, il sauve la ville ; grâce à un efficace service de renseignements, il anticipera avec succès une contre-offensive. Il participera ensuite avec son Unité à la reprise de Hue en février 1947 par une habile et audacieuse manœuvre de débordement par la montagne. Il sera hautement félicité pour ces actions.

C’est à Tourane aussi que le Commandant Guibaud rencontre Mlle Noël, Infirmière-Major. Par un heureux hasard, ils rentrent ensemble en France en mai 1948. Mlle Noël repartira au Tonkin alors que le Commandant Guibaud intégrera l’École de Guerre. Comme il se plaisait à le raconter, c’est alors qu’il envoya sa demande en mariage à l’Infirmière Major à Langson par ce bref télégramme : “Mademoiselle voulez-vous m’épouser ?” Ce qui se fit en 1950.

Au cours de ce premier séjour en Indochine, le capitaine Guibaud aura l’occasion unique d’approcher des  personnalités aussi marquantes que diverses, telles que le Général Juin, l’Amiral Thierry d’Argenlieu, le Général Leclerc, le Président Ho-Chi-Minh, Giap, Pham-Van-Dong, le Général Chinois Lou-Han. Il y a lieu d’ajouter le Capitaine de Légion Pierre Messmer de l’État-major de l’Amiral, ainsi que le Lieutenant de Marenches, interprète du Général Juin. Il retrouvera le premier Haut Commissaire à Dakar en 1958, puis en qualité de Ministre des Armées de 1960 à 1969, tandis que le second lui succèdera fin 1970 à la Direction du SDECE (Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage).

Fin 1952, à la demande du Général Salan, Commandant supérieur en Extrême-Orient, le Lieutenant-Colonel Guibaud est désigné pour prendre, à Saïgon, la direction du 2ème Bureau de l’État-Major des Forces terrestres, sous le commandement du Général Navarre.

Il prend ses fonctions mi-avril et participera, à Honolulu, à des conférences interalliées concernant le Renseignement, sous la présidence de l’Amiral américain Radford et au cours de laquelle il rencontrera ses homologues américain, britannique, australien et  néo-zélandais.

Le Lt-Cl Guibaud et son épouse, infirmière-major

Une de ses premières visites est pour le camp de Na San où il retrouve le Colonel Gilles et le Lieutenant-Colonel Fourcade. Ce camp retranché se trouvant dépassé, il faut procéder à son évacuation, délicate opération aérienne qui permet de récupérer, outre les 12 000 hommes de la garnison, quelques 1500 réfugiés Thaïs chassés de leur village.

 En juillet, son camarade de promotion Ducourneau dirige avec succès un très important raid parachutiste, l’opération “Hirondelle”, sur Lang Son.

Largage de parachutistes à Lang Son
  Le Lt-Cl Ducourneau et le Cd Bigeard à Lang Son

 Puis, c’est l’opération “Castor” au cours de laquelle sont largués sur Dien Bien Phu six bataillons parachutistes, suivis d’éléments d’artillerie et de génie ainsi que des munitions et des engins de terrassement.

Le camp retranché de Dien Bien Phu

Le 13 mars, ce sera l’attaque par 33 bataillons Viet Minh puis l’embrasement général et le début d’un affrontement terrible qui ne s’achèvera que deux mois plus tard, le 7 mai, par la chute de la forteresse et le départ en captivité de ses défenseurs survivants.

L’État-major des ForcesArmées

1955-1957

Durant cette période, le colonel Guibaud, nommé à l’État-major, effectue de nombreuses missions, tant en Europe qu’au Moyen-Orient et en Extrême-Orient.

Il met également en œuvre un système visant la formation des futurs Attachés Militaires.

Retour en Afrique

De retour en Afrique en décembre 1957 il est Commandant militaire de la Mauritanie.

Le séjour du Colonel Guibaud dans cette zone qui s’étend sur 1600 km du Nord au Sud et 1400 km de l’Est à l’Ouest est ponctué de nombreuses visites aux garnisons disséminées sur un territoire dont il sera le dernier patron.

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 Il assiste à la première expérience atomique souterraine à In Ekker et organise l’évacuation du cœur du Père de Foucauld qui se trouve dans la stèle érigée devant l’ermitage de Tamanrasset, à l’emplacement même de l’assassinat du Père par les Sénoussites en 1907. Le coffret sera confié aux Petites Sœurs et Petits Frères d’El Goléa.

En 1961-1962, le colonel Guibaud est affecté à l’État-major des Forces Terrestres d’Outre-mer.

Au cours de cette période, il aura souvent l’occasion de participer à des diners officiels à l’Élysée en l’honneur de chefs d’État.

Il participera et organisera la formation des cadres des armées nationales de nos anciennes colonies ayant acquis leur indépendance.

Général de Brigade, il commandera la 26ème division d’Infanterie au Sahara en 1962-1963.

II recevra en fin de séjour la mission d’amener le drapeau sur Tamanrasset.

Promu Général de Division, il fera un bref séjour à Madagascar en 1965 comme Commandant Supérieur des Forces Françaises du Sud-Océan Indien.

Le Contre-Espionnage

Nommé par le général De Gaulle à la tête du S.D.E.C.E., le général Guibaud assumera cette haute fonction de 1966 à 1970, période à propos de laquelle, ultérieurement, il ne se départira pas d’une stricte confidentialité.

Enfin, c’est en tant que Général de Corps d’Armée qu’il sera appelé en Service Extraordinaire au Conseil d’État, en novembre 1970, avant de se retirer quelques années plus tard, avec Madame Guibaud à Persanges.

Le général Guibaud avec Edgar Hoover, directeur du FBI,
l’homme le plus puissant des États-Unis

Robert Roth

Sources : Les Carnets du Général Guibaud – ed. Les Amis du Vieil Arbresle
Photos : coll. familles Guibaud et de Kerviller

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