Les fours à chaux de l’Arbresle
Résumé
La fabrication de la chaux par calcination du calcaire est connue depuis l’Antiquité et son usage a été facilité par la richesse des sols en carbonate de calcium. Elle a été utilisée pour l’agriculture et l’architecture jusqu’à la fin du XIXème siècle, époque à laquelle le ciment a été inventé.
Il y a toujours eu des fours à chaux dans la région de l’Arbresle qui utilisaient la pierre à gryphées (étage géologique du Sinémurien), et une pierre appelée « choin bâtard » (étage géologique de l’Hettangien). Ces pierres abondantes sur les coteaux des Mollières à l’Arbresle, et d’Apinost et Saint-Bis à Bully.
En 1765, Alléon Dulac rapporte dans son mémoire : « A l’Arbresle et à Bully, qui n’en est pas très éloigné, on fait de la chaux d’une espèce de moilon. Cette pierre se tire d’un coteau qui prend depuis l’Arbresle et se continue jusqu’à St-Germain et à Bully ; elle est remplie de coquillages appelés nautiles ».[1]
G. Garrier écrit « les fours à chaux se sont multipliés entre 1830 et 1880 dans le Beaujolais et le canton de l’Arbresle : ils assuraient surtout la satisfaction des besoins en agriculture. Après 1880, c’est la crise et la fermeture, car la chaux arrive à meilleur marché de Bourgogne et du Jura par chemin de fer. Sa qualité était d’autre part trop médiocre pour qu’elle ait pu s’imposer à la maçonnerie lyonnaise ».[2]
En 1936, il ne restait d’après G. Mazenot que quatre chaufourniers dans le département du Rhône : à l’Arbresle (le four Gaillard) Bourg-de-Thizy, Charentay et Lucenay.
Fours de l’Arbresle
Première mention en 1770 du four dans la rue centrale de l’Arbresle, qui sera repris par Pitiot.
« Jean Callot chaudier à l’Arbresle, de gré associé pour un tiers seulement, Louis Ferro ouvrier travaillant au four à chaux, à l’effet du bail sous ferme à lui passé par le sieur Antoine de Saint-Lager, aubergiste à l’Arbresle.. ». [3]
La famille Pitiot, chaudiers
Nous ne savons pas exactement depuis quand la famille Pitiot possédait des fours, mais en 1794 le citoyen Pitiot donne quittance aux héritiers Zacarie pour la délivrance de chaux pour la somme de 563 livres à raison de 9 sous la benne, et en 1803 un relevé de compte est établi toujours par Pitiot « pour Zaquarie maitre masson »
En 1815, Claude Peillon vend à Benoît Pitiot une carrière de pierre à chaux au lieu-dit la Font de Vay commune de Bully, joignant la carrière Peillon.[4] L’autre partie est vendue à Claude Zacarie.
Annet Pitiot (recensé en 1836 comme chaudier), exploitera deux fours jusqu’en 1841. A cette date il donne à bail l’exploitation à Jean Pélisson (associé à Zacarie ) qui en 1843 subrogera le bail à Louis Dubost et Zacarie qui l’exploiteront pendant deux ans.[5] Jean Pélisson subrogera ensuite le bail à Claude Zacarie en 1846. Ainsi à cette date Claude Zacarie est seul exploitant des fours.
Le plus ancien des chaudiers, comme le qualifie Lazare Mangini était Annet Pitiot. Celui-ci possédait trois fours, le premier dans l’Arbresle, le deuxième sur la route impériale de Lyon à Paris au lieu-dit la Font de Vay et le troisième sur la route dite aujourd’hui « rue du Four à Chaux », laquelle s’est aussi appelée rue de la Vierge car il y avait une statue de la Vierge sur le four.
Le four de l’Arbresle était situé à l’emplacement actuel de l’OPAC dans la grande rue. Ce four déjà mentionné sur le plan de 1750, gênait terriblement tout le voisinage par la fumée et les odeurs qu’il répandait. En 1856, une pétition fut adressée au sénateur : « Le sieur Pitiot possédait à l’intérieur même de l’Arbresle, sur la route impériale de Paris à Antibes, un four à cuire la chaux ; Que la fumée noire et épaisse, produite par la combustion du charbon mouillé, se trainait dans les rues , pénétrait dans les habitations où elle déposait une poussière épaisse et délétère…Le sieur Pitiot a détruit ce four à chaux mais il construit aujourd’hui à la même place deux autres fours qui viendront doubler les préjudices. Les soussignés ont oublié de vous parler du peu de place que possèdent ces fours car ils empiètent sur la voie publique.. qui est d’une grande utilité pour la circulation des voitures ! ».
En dépit de toutes les protestations, l’autorisation de continuer est donnée le 4 avril 1857 pour cinq ans. Une nouvelle demande sera faite en 1863. Un des signataires de la pétition, Claude Zacarie se plaint et s’oppose formellement à la construction de ces fours [6] alors qu’il est lui-même chaufournier, mais aussi propriétaire des maisons en face des fours !
La famille Zacarie
Claude Zacarie (1796- 1864) (et avant lui son père 1758-1806), était entrepreneur de bâtiments. Pour ses activités, il avait besoin de pierre et de chaux.
En 1815, il achète à Claude Peillon une partie de carrière « bonne à tirer de la pierre de construction », à la Font de Vay, commune de Bully. (l’autre partie est achetée par Benoît Pitiot).
En 1826, il achète à François Poncet « une carrière propice à tirer de la pierre brute à bâtir », pendant le temps convenu de 4 années. Cette carrière est située entre la route royale de Lyon à Paris et le mur du sieur Mury.. ».
En 1841 – Claude Zacarie achète à la veuve de Claude Peillon, « ..un four à chaux en ruine, serve, petite terre emplacement et aisances de 20 ares, confiné au midi déclinant au levant par l’ancien chemin de Sain Bel à l’Arbresle, au levant déclinant au couchant par le chemin de l’Arbresle à Savigny ainsi qu’au nord et au couchant par la propriété de Mr Berthaud. » Voir le plan de 1863.
Ainsi depuis 1841 Claude Zacarie fabrique de la chaux pour ses propres besoins de maçon et aussi pour la vente. Il doit remettre en état le four proche du clos des Sœurs de Saint Ursule (dans l’actuelle « Rue du four à chaux), et par son association avec Louis Dubost exploite le four de la Font de Vay.
Depuis 1815, il est aussi propriétaire de carrières soit pour tirer de la pierre à bâtir soit pour alimenter des fours à chaux.
Il ne lui manque qu’une chose : le charbon.
Déjà en 1842, nous savons Claude Zacarie en relation d’affaires avec Lazare Mangini « extracteur des mines de houille de Sainte-Foy-l’Argentière »[7] [8]
Aussi le 25 mars 1845, Claude Zacarie et Louis Dubost, chaufourniers à l’Arbresle passent une convention avec Jean-Baptiste Vinay aussi chaufournier à Ste-Foy-l’Argentière[9].
Cette convention permet a Zacarie et Dubost de livrer de la pierre à chaux pour alimenter les fours de Vinay à Ste Foy et en retour de ramener de la houille pour cuire la chaux à l’Arbresle.
Le 13 juin 1845, Vinay écrit à Claude Zacarie pour le mettre en garde de livrer de la chaux de bonne qualité « …prenez garde, vos intérêts se compromettent gravement, la chaux de l’Arbresle perd tout à fait sa réputation ».[10]
Est-ce cette raison de mauvaise qualité, qui pousse Lazare Mangini par ailleurs associé avec Jean-Baptiste Vinay et Benoît Chirat de proposer la construction d’un four plus grand [11] à Sainte-Foy-l’Argentière ?
1846 – 6 mars. Lettre de Vinay à Zacarie qui indique que « Lazare Mangini voulait louer ses fours à chaux, qu’il pensait que Claude Zacarie ne se souciait guère de faire de la chaux et qu’en lui donnant un bon prix de ferme, il les aurait cédé volontiers. Mon intention était de vendre la chaux plus chère par conséquent j’en aurais fait moins, cela aurait permis aux chaudiers environnant de faire de meilleures affaires, mais je comptais aussi en vendre beaucoup à Lyon.
En ce qui concerne le four à plâtre que Monsieur Zacarie se propose d’établir à l’Arbresle, je crois que c’est une excellente idée, il ne peut que gagner beaucoup, mais quant à moi je suis sur le point de faire une grande entreprise ( ?) et cela m’empêche de faire autre chose.
Le 29 mai 1846, Zacarie précise son projet de four à plâtre » [12]
19 mars 1846. Note récapitulative de Claude Zacarie : Suivant les conventions verbales soit écrites Lazare Mangini extracteur de houille, Jean-Baptiste Vinay et Benoit Chirat chaufournier à Ste-Foy sont convenus d’accord le 19 mars 1846.
« Attendu que durant le mois de mars, avril, mai, juin, juillet et jusqu’au 24 août les dits associés ont exécuté les conventions et que chaque semaine ils prenaient 50 ou 60 m3 de pierre et qu’ils n’ont pris de la chaux que dans le mois de mars seulement ; Zacarie demande le compte de la chaux fabriquée depuis mars dernier pour obtenir la rétribution de 10 centimes.
Attendu que depuis le mois d’octobre ils ont cessé d’amener du charbon. ; (Zacarie) a été obligé de ralentir le feu de ses fours et n’a pu faire la quantité de chaux nécessaire..
Ils ont démoli le four à chaux servant à l’entreprise de Zacarie, le hangar et l’écurie.
Ils ont construit un four à neuf sur le sol de Mangini ».
Note complémentaire (de Zacarie) aux livraisons de pierre calcaire faites à Mr Vinay
543 charrois de pierre ont pesé 678750 kilogrammes soit par charroi 1240 kgs à 10 centimes les 100kgs = 1,24 f
Un hectolitre de pierre cassée pour faire de la chaux pèse 118 kgs
Les 1240 kgs par charroi font 10,5 hectolitres à 10 centimes l’un = 1,05
En 1845 il demanda (Vinay), à vendre la chaux que nous lui remettions. Depuis cette époque il n’a presque pas pris de la chaux à l’Arbresle ; il la fabrique toute à Ste-Foy et la descend à Courzieux et Bressieux auquel il fait concurrence, au lieu de prendre la chaux à l’Arbresle…
De là des courriers pendant toute l’année 1846 et 1847 pour essayer de régler le différend avec Lazare Mangini et ses associés. La situation est assez compliquée pour que Zacarie dans une note qui résume les faits reprochés à l’association Mangini, Vinay et Chirat l’intitule : « Brouillard et compte ».
Enfin après de multiples courriers, mises au point, via les avoués et huissiers Claude Zacarie peut écrire en août 1847 à l’avoué : « Notre affaire entre M. Mangini, Vinay et Chirat est comme réglée, nous sommes rentrés en bonne intelligence d’affaire ; nos conventions sont suivies comme par le passé.. ».
Entre entrepreneurs soucieux de faire avancer les affaires, il se trouve toujours une solution !
Joseph (1832-1871), un des deux fils de Claude continuera le métier de chaufournier. En mars 1865, à la succession de son père qu’il se partage avec son frère Louis il reçoit :
8/ un four à chaux situé sur le chemin de Savigny contigu au clos des sœurs de Ste Ursule se composant de jardin remise etc. ; et pierre à chaux avec une carrière située au lieu de la Font de Vay entre MM. Pitiot, Dulot et Gonin et une parcelle de terrain clos, enfin tous les ustensiles nécessaires pour l’extraction de la pierre plus un pré situé sur la route impériale et le bief Berthier et au couchant la maison Corbeille valeur 6000 F.
En 1874, tout le matériel et la maison attenante au four (sur le chemin de Sain-Bel), seront vendus à M. et Mme Félix[13]
Four Rivière
Une demande de construction de four déposée le 1er sept. 1845 par André Rivière au lieu-dit de Louhans. (ADR 5M cl 63 n°664). Louhans ?
Louis Rivière est propriétaire en 1876, après Pitiot, du four qui jouxte le pré et la source de Zacarie et d’une carrière de pierre.
Four Gaillard
Ce four n’apparait pas sur le cadastre de 1829.
Le dernier four en activité a été celui appelé Four Gaillard sur la N7., qui « est voisin de Rivière » [14] Gilbert Gaillard a utilisé ce four jusqu’en 1936. Il a aussi exploité le four de Sain-Bel de 1912 à 1924.
Sur la façade, on peut lire : FABRIQUE DE CHAUX G. GAILLARD Café, Jeux de boules, Transport de charbon1890 – Projet d’établissement d’un four à chaux près de la gare de l’Arbresle.[15]
Prévu dans la propriété de Mr Laurent, près de la gare de l’Arbresle à 25m de l’avenue de la gare. « Ce chemin est le lieu de promenade le plus fréquenté par la population. De nombreuses et vives protestations ont été déposées à l’enquête à cause de la poussière, de la fumée, des mauvaises odeurs, créant une insalubrité, un risque de sinistre, des inconvénients de voisinage. Le conseil émet un avis défavorable pour cette demande et toute demande de four à chaux à l’intérieur de la ville ou dans les quartiers populeux ». De fait ce four n’a pas été construit.
Fours de Bully
Pour la simple raison de proximité des carrières signalons trois fours et une citerne, implantés sur la commune de Bully, entre la N7 et le chemin botanique Joly. Une demande de 1877 faite par Genevrier-Chabert pour remettre en activité des anciens fours « à condition qu’ils soient équipés du système Bidreman »
Plan de situation des trois petits fours, sur la commune de Bully
Les autres fours à chaux sont largement décrits dans l’étude thématique du Pré-inventaire : « Fours à chaux du Rhône ».
Annexe Non daté : Vente par Pelisson à Dubost et Zacarie Pour moitié des mobiliers des fours et chemin de fer vaut 6000 Fait en sus trois voies de rails dans la carrière avec un tourne-wagon 1000 Découvert de carrière de pierre de taille et celle extraite prête à être taillée 2000 Approvisionnement de la pierre sur les fours et celle extraite dans la carrière 5400 moitié 2700 Un cable neuf 420 moitié 210 Hangar à Ste Foy 1000 moitié 500 Total 12 410 Acquisition de Carrière de pierre de taille et de Four à chaux La sole du four à chaux de l’Arbresle 2 bicherées La carrière provenant de Mme Peillon à la Font de Vay 6 ½ bicherées Des héritiers Vacheron 4 ½ De Sayte 1 ½ Total 14 ½ bicherées Un pré avec une fontaine assez forte pour y placer une grande roue pour scier la pierre 3 ½ bicherées Total 18 bicherées Revenu du four à chaux …1200 francs Revenu des carrières en pierre de taille sans la pierre brute ….1000
Pierre Forissier Avril 2014
[1] Mémoire pour servir à l’histoire naturelle des provinces de Lyonnois, Forez et Beaujolois. 1765, t. 2 p.144.
Ce que Alléon-Dulac appelle nautiles sont en fait des gryphées : les gryphées sont des mollusques voisins des huitres fossiles du Lias. Ere du jurassique inférieur. Etage du Sinémurien 190-200 Ma.
[2] G ; Garrier, Paysans du Beaujolais et du Lyonnais 1800-1970, Presses Universitaires de Grenoble, 1973.
p. 454-455
[3] ADR. 3 E 1486, Reymond notaire.
[4] ADR. 3 E 23654, notaire Sage. Vente Peillon à Benoît Pitiot.
[5] Louis Dubost, teinturier en soie, est le beau-frère de Claude Zacarie marié avec Marguerite Dubost (1804-1833).
[6] – 31 janvier 1857. « Je soussigné, Claude Zacarie, propriétaire de bâtiments situé sur la route impériale, en face de l’ouverture des gorges des fours, ayant fait de grandes dépenses pour réparer mes bâtiments, ayant dans les rez-de-chaussée, des boutiquiers et divers marchands, dans les étages supérieurs des ateliers de dévidage, des métiers pour le tissage de la soie , mes appartements perdant beaucoup de leur valeur …. »
[7] 1836 – Charles Laurent Gayardon, comte de Fenoyl baille à ferme l’exploitation des mines de houille de Sainte-Foy-l’Argentière, du 1er juillet 1836 au 16 décembre 1850. Lazare Mangini dispose des puits existants, mais peut en créer d’autres.
[8] 1842 – 17 mars. Lazare Mangini à messieurs Zacharie et Pélisson « Je vous félicite de l’arrangement que vous avez fait entre vous. J’ai fait part du contenu de votre lettre à Messieurs Benoit Chirat et Vinay et ils m’ont promis d’aller vous voir dimanche, mais je me propose aussi de les accompagner et nous dinerons ensemble à l’Arbresle ; je ne doute pas que vous soyez d’accord car un arrangement est absolument nécessaire.
Ne manquez pas, je vous prie de prévenir l’ami M. Pitiot doyen de tous les chaudiers de se trouver avec nous pour partager notre dîner et vider quelques bonnes bouteilles…
[9] 25 mars 1845 -Le sieur Vinay cède un emplacement près de son four à chaux (à Sainte-Foy-l’Argentière) pour y placer un hangar clos en planches et couvert de tuiles qui pourra être enlevé à la fin du bail qui sera terminé le fin décembre 1850 ; Le sieur Vinay fabriquera de la chaux pour son compte pour d’abord y employer la pierre laquelle sera toisée et cubée Il sera tenu de prendre dans les fours à chaux de l’Arbresle et la Font de Vay, la quantité de chaux qui pourra se vendre en sus de celle qui sera fabriquée dans le four de Vinay et il lui sera payé par Mr Zacarie et Dubost 40 centimes de charroi par hectolitre soit pour le charbon menu qu’il amènera sur les fours de l’Arbresle et de la Font de Vay soit pour la chaux qu’il retournera à Ste-Foy. Le sieur Vinay vendra la dites chaux au prix de de 1,40 franc l’hectolitre. Il lui sera payé 10 centimes par hectolitre de la vente qu’il fera de la chaux prise à l’Arbresle. Il payera à M. Zacarie et Dubost pour toute la chaux qu’il fabriquera la même rétribution de 10 centimes par hectolitre , la pierre qu’il retournera pour son four sera prise au chemin de fer de la Font de Vay. M. Vinay la payera 10 centimes les cent kgs elle sera toute pesée à la bascule qui sera payée par moitié ainsi que les charrois de chaux au prix de 15 centimes par voiture…Il sera remis à Mr Vinay la petite écurie voutée et le fenil au-dessus pour y loger ses chevaux… ;les chevaux envoyés de l’arbresle par Mr Zacarie et Dubost seront logés dans les écuries de Mr Vinay ou dans le hangar ..
La présente convention est faite pour aller jusque et y compris la campagne de l’année 1850.. ;
Signé Zacarie Vinay Dubost
[10] 1845 – 13 juin ; Lettre de Vinay à Zacarie. « Mon cher Monsieur Zacarie, j’envoie cette nuit 4 chevaux pour charger de la chaux attendu que les deux derniers convois n’étaient véritablement que cendre. Personne n’en veut point ; J’en ai une quarantaine d’hectolitres, toute tombée.
Veuillez, je vous prie veiller à ce que le convoi n’en ait point afin que je puisse le mélanger avec les autres. On a beau recommander de mieux faire cuire la chaux qu’on ne le fait, on y fait point attention, prenez garde vos intérêts se compromettent gravement, la chaux de l’Arbresle perd tout à fait sa réputation. Mr Lazare Mangini n’en veut nullement. Il en a fait prendre l’autre jour 4 voitures à vos fours, il prétend qu’il y a 1/4 de pierre.. Ainsi monsieur Zacarie veillez à ce que je vous dis, c’est un conseil d’ami . ; »
[11] 1846 – Mars Note de Zacarie Affaire entre Mr Lazare Mangini et Zacarie « Lazare Mangini a proposé aux sieurs Vinay et Zacarie associés de ne faire aller qu’un seul four à chaux à Ste Foy et d’en faire un neuf un peu plus grand …que celui de Vinay et Zacarie et celui de Benoit Chirat seraient arrêtés pour éviter une concurrence qui existait entre Vinay et Chirat depuis plusieurs années et l’on ferait un nouveau traité dans les même conditions de celui entre Vinay –Zacarie-Dubost. D’accord verbalement Mangini a fait démolir le four de Vinay et Zacarie pour se servir des matériaux pour construire ce four à neuf en mars 1846.
Un hangar servant d’écurie et remise construit par Zacarie est resté isolé sur l’ancien emplacement. Ces conventions verbales ont été suivies exactement au commencement de la campagne, la chaux, la pierre, et le charbon ont été livrés tel qu’il avait été convenu.
Le nouveau four est utilisé par Mangini, Chirat et Vinay chacun à leur tour d’après la quantité de pierre amenée. Ils ont cessé de prendre de la chaux à l’Arbresle tel qu’il était convenu pour compenser les livraisons de charbon.
Ils ont pris une plus grande quantité de pierre.
La campagne n’étant pas encore terminée ils manquent à tous leurs engagements. Ils doivent déclarer la quantité de chaux fabriquée pour les dix centimes de rétribution. Si Mr Lazare avait fait prendre de la chaux comme il avait commencé et comme il en avait convenu il n’aurait pas d’argent à me demander, la chaux, la pierre est pour échange de la valeur du charbon suivant le traité.
C’est une combinaison d’intérêt et une anticipation sur mon entreprise avec Vinay pour s’emparer de notre établissement, tous les comptes doivent se régler tous ensemble sans aucune division.
[12] 1846 – 29 mai. Note de Zacarie à Mangini « depuis que je vous aie vu, j’ai réfléchi qu’à la Font de Vay à côté le chemin de fer il y a une source intarissable qui donne un fort volume d’eau qui pourrait faire tourner un moulin ou quelque usine avec une forte chute avec une roue de 6 m de diamètre. Je crois qu’il est possible au moyen de cela d’établir une fabrique de plâtre avec beaucoup moins de frais puisque les chevaux deviendraient inutiles pour faire marcher le manège qui sert à faire moudre le plâtre . Vous concevez qu’il y aurait une grande économie en amenant la pierre à plâtre ; on pourrait charger la pierre à chaux tout se trouverait ensemble ..
Je dois vous dire que la route de l’Arbresle à Anse va s’ouvrir de l’Arbresle à Lozanne ..alors je pense qu’il est plus avantageux d’établir ici un four à plâtre que dans la commune de Chessy..
[13] 1/ …tous les objets mobiliers se trouvant dans les immeubles vendus : 3 tombereaux et une charrette, 4 grosses masses et 1 petite pour casser les pierres, 2 grandes brouettes, 4 grandes barres pour fourgonner le four, 7 pelles à four dont 2 à grilles, 1 hectolitre, 1 ½ hectolitre et ¼ d’hectolitre, 2 plateaux pour charger la chaux, 2 trappons pour barrer le four, 1 pioche, 1 arrosoir, 1 seau, 1 table, 1 banc, 1 tréteau pour graisser les voitures, 1 établi et 1 étau y fixé, 1 malle, 2 coffres, 1 lit, 1auge en pierre, 1 paire de traits, 4 dossières, 4 sous-ventrières, 1 clé pour graisser lesdites voitures, 1 pelle, 1 fourche en bois et 1 en fer.. ;
2/ Dans le délai de 6 mois M. Mme ; Félix s’engagent à élever d’un étage le bâtiment dit d’en bas servant de remise. Cet étage devra servir d’habitation… le plancher devra être au niveau du dessus du four et aux mêmes dimensions de 10 m de longueur sur le chemin de Sain-Bel
[14] – ADR. 5M-cl.111
[15] Registre des délibérations de l’Arbresle 23-01-1890 (fol. 108)