Rue de la République, une rue disparue
Résumé
Elle débutait à hauteur de la passerelle Sapéon et était bordée par la Turdine ainsi que par la Brevenne sur sa partie droite, puis par la colline de Nuelles sur le côté gauche. Elle rejoignait la route conduisant à Lozanne
Sa longueur était de 800 mètres environ. Il existait, côté colline, une carrière de pierres ayant appartenu à M. Jagaille Antoine, maître maçon dans le milieu du 19° siècle. Ce compagnon avait été un des premiers Sapeurs Pompiers inscrit au registre de la nouvelle Compagnie constituée en 1858. À l’extrémité de cette voie, près de la route de Lozanne, avaient été construits les abattoirs municipaux. Cet établissement apportait un trafic hippomobile et automobile relativement important en cette rue étroite.
On peut penser que cette rue existait depuis très longtemps, au moins jusqu’au virage à 90° situé à mi-parcours de la voie. En cet endroit avait été aménagé un jardin sur les restes d’une ancienne bâtisse. Peut-être une ferme car le portail d’entrée toujours utilisé, était relativement important. D’autre part, les maisons accolées existantes dans ce virage avaient pu être bâties avec les pierres provenant des ruines de cette construction. On dénommait ce lieu jusque dans les années 1950 "le quartier des martyrs" (en relation peut-être avec l’inondation de 1715).
Depuis des décennies, il était envisagé de procéder à la déviation de la RN 7 dans la traversée de l’Arbresle. Ainsi, en 1977, ces travaux ayant été programmés, sont entrepris. Ils avaient été déclarés d’utilité publique en 1973. Cette nouvelle voie sera aménagée, en grande partie, sur le parcours de la Rue de la République. En 1979, la rue n’existe plus en tant que telle. Elle a été découpée en plusieurs tronçons, cinq maisons ont été démolies ainsi que des hangars. Une maison bâtie sur la colline a été inclue dans la procédure d’expropriation. En cours de travaux la roche la supportant s’est avérée trop instable et la construction d’un mur de soutènement trop onéreux. Deux petits tronçons existent encore actuellement. La partie en virage où les constructions épousent cette courbe et sont encore en l’état. Ce quartier est désenclavé par un petit pont enjambant la Turdine et donnant accès à la rue E. Zola. Une autre partie d’une cinquantaine de mètres bordée par trois maisons dont celle de M. Perrelle, le maraîcher, nous rappelle encore son important et magnifique jardin. Ce denier tronçon porte le nom de Rue du Maraîcher.
Ci-joint les délibérations du Conseil Municipal de l’Arbresle des 7 Février 1850 et 20 Janvier 1853. Ces textes dénotent les diverses péripéties qu’a connues cette rue ou chemin.
L’an mil huit cent cinquante et le sept février le Conseil Municipal de l’Arbresle réuni en session ordinaire de ce mois et suite à l’arrêté de M. le Préfet du Rhône en date du 15 Janvier et présidé par M. le Maire, a été appelé à délibéré sur le point de savoir si l’ancien sentier de l’Arbresle à Lozanne, classé sous ce nom et sous le numéro deux, doit être classé comme Chemin Vicinal.
Le conseil, vu la loi du 28 Septembre 1791, l’arrêté du 8 novembre 1891, la loi du 28 juillet 1824,
– attendu que par suite des réparations qui ont été faites à ce sentier pour occuper les ouvriers sans travail dans le courant de l’année 1848 et la largeur qui a été dans presque toute sa longueur pour les riverains,
– attendu d’un autre côté que ce sentier était un ancien chemin entre la commune de l’Arbresle et celle de Lozanne, ce qui a été démontré par la découverte de murs qui la bordaient et retenaient dans certaines portions,
– attendu qu’il est très utile pour une grande partie de l’Arbresle et surtout le faubourg St Julien afin d’aller rejoindre le nouveau chemin de grande communication de l’Arbresle à Lozanne,
– émet le vœu que soit regardé comme Chemin Vicinal et classé comme tel le chemin dont il s’agit. Il prendra naissance à l’Arbresle au Pont Sapéon, suivra la direction actuelle, d’abord le long de la Turdine, ensuite contournera entre les propriété Clavier et Duperray et aboutira au nouveau chemin de grande communication de l’Arbresle à Lozanne, à l’extrémité septentrionale du pont établi sur la Brevenne et le chemin aura sur toute sa longueur une largeur de 4 à 5 mètres.
Cette délibération sera soumise à M. le Préfet qui est prié de rendre son arrêté afin que ce chemin soit vicinal.
Fait est délibéré en la salle de Mairie et étaient présents les sieurs Zacarie, Sainclair, Pitiot, Place, Cotte, Sauge, Pouvot, Dupuis, Mazillier, Peillon, Clemençon.
L’an mil huit cent cinquante trois, le vingt janvier, le conseil municipal de l’Arbresle, réuni en la salle de la Mairie sous la présidence de M. le Maire et suite à l’autorisation de M. le Préfet du Rhône, consigné dans sa lettre en date du 18 Novembre 1852, n° 7039, à l’effet d’examiner et discuter les réclamations assignées ou annexées au Procès verbal d’enquête, qu’en provoqua le rejet ou l’admission, de donner ses avis sur le projet d’ouverture du chemin dont il va être parlé ci-après:
Le Conseil, vu le plan général dressé par l’Agent Voyer le 20 octobre 2852 du projet d’élargissement et de restauration du chemin vicinal de l’Arbresle à Lozanne,
– vu le procès d’enquête en date du 12 décembre 1852 clos le 13 janvier suivant mois, auquel il résulte, soixante-quatorze opposants et cinq adhérents,
– vu l’opposition bien motivée et énergique faite séparément le 20 janvier par les sieurs Borne, Allagal, Subrin, Vacherey, autre Vacherey, Grognard, Poncet, Neizet, Maziller, Parizot, Baltazard, Gros, tous propriétaires riverains ou habitant le quartier St Julien auquel le chemin prejeté,
– vu aussi les moyens en raisons bien faibles données par les cinq adhérents seulement,
– attendu que ce chemin tel qu’il est, est suffisant pour desservir les propriétaires riverains et communiquer au chemin de grande communication de l’Arbresle à Lozanne,
– que les dépenses considérables qu’occasionneraient la restauration et rétablissement du chemin projeté et dont une très faible partie seulement est privée seraient loin d’être compensées par l’utilité de ce nouveau chemin,
– attendu que le Conseil Municipal ne craint pas, mieux renseigné par l’enquête précitée et les connaissances que le temps li a fournies, de revenir sur la délibération prise sous la pression d’événements agités,
– le conseil après avoir mûrement délibéré, émet à l’unanimité les réclamations contre l’établissement du nouveau chemin, consignées dans le procès verbal d’enquête et émet l’avis de rejeter le projet de classement et d’ouverture de ce chemin.
Fait à la Mairie où étaient présents Messieurs Clémençon maire, Pitiot adjoint, Sauszin, Chotron, Roux, Pition, Nuchary, Dupuis, Sainclair, Dumas et Peillon.
Ces textes dénotent les diverses péripéties de cette rue ou chemin. Avant l’aménagement de la route à grandes communications, cette voie était les premiers hectomètres conduisant de l’Arbresle à Lozanne
Très certainement la dénomination « Rue de la République » a été donnée en l’honneur de la IIème République (1848-1852), sans doute après le Second Empire sous la IIIème République. L’amélioration de cette rue a été l’œuvre pour une partie des Ateliers Nationaux.