Le patrimoine religieux

Bully, la dure vie d’un clocher

Résumé

Au début de la seconde moitié du 19ème siècle, l’église ancienne étant devenue trop exiguë, le curé d’alors, l’abbé Giraud suggère l’édification d’une église plus spacieuse. Les plans seront dressés par Pierre Bossan, l’architecte de Fourvière et la construction commencera en 1857 pour s’achever en 1861. L’église est livrée au culte sans attendre, le reste des travaux s’échelonnant jusqu’à la fin du siècle. Mais cette construction imposante en pierre de Glay et d’Apinost avait ses faiblesses, et un siècle après…En 1961, des habitants du village avaient constaté que les colonnes de deux mètres de hauteur environ, placées sous l’entablement embrevant la flèche, accusaient une perte d’aplomb.

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Le clocher pendant les travaux  en août et septembre 1961. A hauteur des échafaudages, aux angles, on distingue les colonnes dont la perte de verticalité avait attiré l’attention de certaines personnes du village. 

La municipalité est avisée et après vérification du haut de l’édifice, il s’avère que la charpente de la flèche est en appui uniquement sur les angles des murs. Il y a absence de sablière et pas de répartition des charges. Les entraits de fermes croisées qui reçoivent les énormes arbalétriers de la flèche, forment une compression sur ces supports et provoquent un tassement différentiel, II en résulte un écrasement des murs porteurs avec une fissuration largement apparente. Les montants cylindriques précités, dossés et disposés aux angles, en encorbellement sur la partie supérieure du clocher, se trouvent déstabilisés. 

L’aggravation de ces faits pouvait prendre des proportions importantes et il fallait interrompre ce phénomène qui pouvait aboutir à l’écroulement de l’édifice. Il y a impossibilité d’agir sur les faces extérieures sans porter atteinte à l’esthétique et sans engager des frais importants 

De par l’intérieur du bâti, au niveau des portées des dits entraits, nous devons procéder à un cerclage de la construction par un chaînage en béton armé, qui sera à demi encastré dans les murs et à demi saillant, car cet ouvrage doit être dimensionné en fonction du diamètre des armatures incorporées au béton et de l’effort de traction déterminé par les contraintes à adopter.  Sur les angles et sur les côtés extérieurs du chaînage B.A, de nombreuses prises sont intégrées à celui-ci et rejoignent les parements extérieurs du bâti pour parfaire l’adhérence à l’existant. Tout ceci demande pendant la réfection un étampage considérable sur les points d’appui de l’ossature de la charpente.

En complément, sont disposées horizontalement aux quatre côtés, des allèges métalliques de fortes sections, en sous œuvre de charpente. Elles supportent les entraits de fermes et prennent appui sur les murs constituant chaque angle. Ces éléments manquants à la construction, faite un siècle auparavant, avaient été déterminants dans les désordres survenus.

Avec difficultés depuis les ouvertures supérieures et au travers des abat sons, il est possible d’arrimer un échafaudage, permettant d’effectuer les travaux de finition des prises extérieures et procéder à l’appareillage des parements avec des moellons de pierre de même nature que l’existant. Il faut aussi replacer et sceller ces colonnes flanquées aux angles et que la corniche ne tient plus en appui après les déformations provoquées par les différents tassements.

Après la réalisation de ces travaux, exécutés entièrement à l’intérieur du bâti, les désordres de quadrature des murs étaient pratiquement solutionnés, et la flèche stabilisée. L’architecture de l’édifice n’était nullement affectée

 Martial Subrin

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