Le patrimoine religieux

Eglise : restaurations au XXème siècle

Résumé

 Dans notre numéro 6 d’Arborosa, Antoine Meunier nous rappelait dans quelles conditions s’était opéré, en 1874, l’agrandissement de l’ancienne église bâtie à la fin du 15ème siècle. Martial Subrin prend le relais et nous raconte toutes les péripéties des travaux qui se succédèrent depuis.

Lors de l’agrandissement de l’église en 1874, le financement prévu ne permettant pas de mener à bien la totalité du projet envisagé, il fallut modifier la conception du clocher.

La flèche n’a pu être réalisée, et le chapiteau se termina en terrasse enrichie de clochetons, balustrades sculptées et de quatre gargouilles angulaires. Cette église fut consacrée le 30 septembre 1879. L’édification du nouveau clocher et les travaux inhérents, avaient nécessité aussi la réfection complète des couvertures, toits et charpentes. La nef principale fut couverte en tuiles mécaniques vernissées au four, de teinte noire.

Les nefs latérales étaient en tuiles romaines de diverses provenances, certaines avaient vraisemblablement déjà été utilisées sur les anciennes couvertures. Les toitures en tuiles romaines étaient souvent refaites par remaniements. Ces tuiles, après, avoir été légèrement « frappées » afin de repérer par les sons aigus ou graves, celles comportant une fêlure étaient disposées en recouvrement, les tuiles saines servaient de canal d’écoulement.

 Les trouvailles de 1950

 En conséquence, en 1950, il a été procédé au remplacement, des tuiles romaines par des tuiles mécaniques «Vieillies masse» en provenance de St Romain-des-Iles (Saône et Loire).

 Différentes parties de lattis et chevrons, ont dû être remplacées. Ces déposes partielles de charpente, permettaient par endroit d’apercevoir les voûtes des nefs. Ces combles avaient une hauteur d’un mètre, environ, dans la partie centrale. Dans un de ces emplacements de la seconde travée, côté gauche, ont été retrouvées le sept novembre 1950, deux statues anciennes, St Pierre et une Pietà. Ces œuvres en pierre de Glay, avaient été placées horizontalement, sur l’extrados de la voûte (voir photos en fin d’article).

 Diverses suppositions ont été faites sur leur origine, mais sans grande certitude. Elles étaient en cet emplacement, certainement depuis les travaux de 1874. Leur bon état de conservation laissait penser, qu’elles n’avaient jamais été exposées à l’extérieur, (voir niche creusée, sur façade d’un monument par exemple).

M. Dessaintjean, l’un des derniers carriers-tailleurs de Glay, confectionna deux consoles qui, scellées en saillie dans le mur à côté gauche de l’église, permirent d’exposer, à nouveau, ces statues, si longtemps oubliées.

En effectuant la réfection de ces toitures précitées, les façades les surplombant, à l’exception de celles de l’abside, ont été ravalées. Un jointoiement des pierres, au mortier de chaux, a apporté esthétique et consolidation à ces murs dont la construction remonte à 1441.

1961 : la fin des pinacles

Au début de l’année 1961, les responsables municipaux ont été avisés que certains fragments de pierre provenant des clochetons, avaient été retrouvés au pied de l’édifice ou sur les toitures adjacentes.

Le clocher avait fière allure avec ses pinacles de 7m de haut. Il fallut échafauder pour enlever les pinacles dangereux,…et la situation était inconfortable !

Ceci était un danger pour les fidèles et les passants. On risquait, aussi, de provoquer, suite aux dégâts occasionnés aux toitures, des infiltrations d’eau à l’intérieur de l’église. M. Bissuel, Architecte à Lyon, fut mandaté pour préconiser une solution, qui fut la dépose des pinacles jusqu’à la hauteur des balustrades formant garde-corps. La  consolidation de ces appareillages ne pouvait être envisagée, à cause du mauvais état de conservation de la pierre.  

Un remplacement ne pouvait être concrétisé à l’époque, seule la suppression permettait d’assurer la sécurité. Ces clochetons, comme une grande partie de l’édifice étaient en pierre de Glay. En général, pour ces œuvres d’art, la pierre est prélevée en carrière, en profondeur et dans un excellent banc. Malgré cela, l’exposition aux intempéries avait eu raison de la solidité première de ce minéral argilo-calcaire, quelquefois très veiné.., Aussi, les tailleurs de pierre, plaçaient lors de la mise en œuvre, les blocs veinés horizontalement. Ceci, afin d’éviter les infiltrations qui provoqueraient des microfissures dans lesquelles séjourneraient les eaux de pluie, qui en période de gel se solidifieraient. L’augmentation de volume en résultant agira par pression et, dans la durée, provoquera l’éclatement et la désolidarisation des parements.  

Les balustrades sculptées étaient en état de délitement sur les parties les plus exposées ; aussi la desquamation de la pierre avait nécessité une intervention de purge destinée à garantir la sécurité. La dépose des clochetons a été très délicate. Ces pinacles d’une hauteur de sept mètres au-dessus de la terrasse, sur laquelle il avait fallu installer un échafaudage pour assurer la démolition et pallier les chutes des éclats de pierre. Matériels et matériaux de démolition étaient montés ou descendus à l’aide d’un treuil manuel, depuis le parvis. Les bases des clochetons ont été bouchées par une couverte en béton, formée en pointe de diamant.

 La tempête de 1966

 Certaines de ces gargouilles ont été conservées au musée. Des échafaudages périlleux ont dû être installés. La tempête du 31 octobre 1966, provoqua une chute de pierre (partie d’aile de la gargouille côté nord). Après vérification, ces sculptures sont apparues en très mauvais état et la sécurité était à nouveau menacée.

Le conseil municipal, devait donc demander à M. Thévenot, architecte des Bâtiments de France de bien vouloir étudier la situation et préconiser des solutions. Le verdict de ce spécialiste a été net :  « si l’édifice présente à bien des égards un intérêt architectural réel, vitraux, nefs, abside du 15ème siècle, le clocher beaucoup plus récent, ne mérite pas qu’on consacre à sa réfection les sommes très importantes qu’aurait nécessité le remplacement de ces gargouilles ».

Aussi leur enlèvement pur et simple avait-il été décidé. On notait aussi que ces sculptures, qui certainement s’intégraient dans un concept architectural, n’affectaient en rien l’écoulement des eaux de la terrasse, car elles ne servaient pas de dégorgeoirs aux eaux pluviales.

Au printemps 1967, fut ouvert ce chantier de démolition. Il nécessita la mise en place d’un échafaudage, volant sur près de 40 mètres de vide. Il fut fixé à un chevalement en bois établi sur la terrasse au ras des balustrades et sur lequel un contrepoids constitué de sacs de sable assurait la stabilité et le maintien de la partie suspendue. 

Cet ensemble permettait d’effectuer le travail demandé c’est-à-dire l’enlèvement des gargouilles. Elles étaient solidaires de leurs socles encastrés dans la maçonnerie et ils constituaient même les pierres angulaires du sommet carré du clocher. Il n’était donc pas question de les extraire, mais au contraire de les couper au ras du mur.

Ceci supposait d’abord de créer une entaille dans la pierre, pour dégager l’armature, c’est à dire un fer carré de 20 cm2 de section, qu’il fallait découper et enfin procéder à la récupération de la gargouille par éclatement de sa partie inférieure. Des inquiétudes apparaissaient à chaque finition, lorsque la coupe de l’armature se terminait. La partie restante de la pierre, pouvait se rompre brutalement, suivant son état de vétusté, et provoquer par le poids de la totalité de la gargouille, une surcharge brutale et quelquefois inattendue sur les câbles et leurs supports.

Ces monstres à tête de bovin et corps d’oiseau, retrouvèrent le sol, qu’ils avaient quitté depuis près d’un siècle. Aujourd’hui, de tels travaux, se réaliseraient à l’aide d’un échafaudage métallique, depuis le sol et, en ceinturant entièrement le clocher.

On distinguait du haut de la terrasse, les rues étroites aux maisons agglutinées les unes aux autres, les façades intégrant les teintes des pierres, sables et chaux de la région. Tout ceci apportait et apporte encore beaucoup d’authenticité au vieux bourg. On remarquait aussi, sur quelques points du paysage, les premières élévations des nouvelles architectures, et puis quel plaisir de pouvoir admirer, cette magnifique vue panoramique sur la commune et ses environs.

 Les interventions récentes

A la fin des années 1970, certaines interventions réalisées à l’intérieur de l’église, avaient apporté un caractère austère. La chaire de marbre blanc et la table de communion, en fer forgé, recouvert d’une main courante en cuivre avaient été enlevées. Le transfert de l’orgue avait masqué la rosace qui possède un remplage formé par des vitraux. Ce fenestrage circulaire situé à hauteur des voûtes des nefs latérales répandait la lumière du jour sur l’ensemble de la nef centrale.

Mais, en 1983, plusieurs réfections très importantes sont entreprises, et l’Association Paroissiale avec toute l’opiniâtreté de M. Antoine Bataillon, faisait réaliser un ravalement de l’ensemble de l’intérieur de l’église. Travaux faits avec beaucoup de soin, de qualité architecturale, très près de la volonté des concepteurs et ceci redonnait à l’église, une nouvelle splendeur. Ces travaux de 1983 sont sous la direction du cabinet d’architecture Bissuel, Chamoussy et Lambert de Lyon,

1)  La reconstruction complète de la montée d’escaliers permettant l’accès à l’église. Ceci était nécessité par l’état de délitescence de la pierre L’érosion avait eu raison de ces marches en pierre d’Apinost.  Une volée d’escalier a donc été taillée et appareillée dans une pierre d’un calcin de très bonne qualité. L’empiétement sur le parvis a été réduit au minimum, tout en maintenant un emmarchement très satisfaisant.

2) La réfection de l’ensemble des toitures de l’église était nécessaire. Les cannelures des tuiles étaient cassées ou bouchées, les abergements en zinc étaient percés par l’acidité que provoquent les fientes de pigeons. A cette occasion, le chéneau de bas de pente, encastré dans la corniche en pierre taillée, a été habillé d’une feuille de plomb remontant sous le rampant. Ceci supprima les risques d’infiltrations d’eau à l’intérieur de l’église, qui avaient apporté tant de problèmes par le passé.

3) Sous couvert du Ministère de la Culture, les vitraux de l’abside ont été restaurés. Un ravivage s’avérait indispensable pour redonner l’éclat et la fraîcheur à la coloration. Toutes les pièces de verre maintenues par un réseau de plomb ont été déposées, repérées sur les remplages et expédiées à Paris. Cette restauration a demandé une durée de plus d’une année, pendant laquelle l’échafaudage est resté en place, afin de procéder à la recomposition de ces belles verrières, revenues dans toute leur magnificence, (on peut admirer actuellement au musée une exposition très documentée sur l’ensemble des vitraux de l’église. Des études magistrales sur les vitraux de l’abside du 15ème  siècle, classés aux Monuments Historiques, les plus importants du Lyonnais, après St Jean de  Lyon, seront relatées prochainement.) Ces réalisations ont été inaugurées, sous la présidence de Monseigneur Decourtray, archevêque de Lyon, en présence de M. Pignard, Maire et de diverses personnalités civiles et religieuses.

Les travaux de 1874-1879 de M. Boiron, architecte, avaient, avec l’agrandissement de l’église et l’édification du clocher, laissé l’édifice en son état actuel. Nous avons voulu simplement retracer les principales réfections et modifications qui ont été apportées depuis l’après guerre.

Elle avait commencé par une belle journée de printemps, où le soir, quelques personnes, dont le Père Prud’homme et Jean Vially, redescendaient relativement fatigués les marches du clocher, où ils avaient, une partie de la journée, actionné le mécanisme des cloches. Elles avaient sonné à toute volée, afin que retentissent les joies de la victoire. C’était un huit mai 1945.

Les deux statues retrouvées en 1950

 Martial Subrin

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