Le patrimoine religieux

Chapelle de Saint Etienne de Louhans

Résumé

Assez curieusement, ce petit territoire de Louhans ou de Saint Etienne, qui reste actuellement le dernier coin de campagne de notre ville, a certainement été l’un des premiers lieux habités de la région. Louhans ou Saint Etienne ?

En fait ce sont deux petits territoire voisins : Saint Etienne, occupé essentiellement par les terrains de la famille Devernoille, pépiniériste, les prés du domaine de la Ponchonnière et ceux du dernier éleveur de la commune, monsieur Chetail, occupe le plateau longé par la rue Baccot jusqu’à la route de Savigny ; Louhans étant la partie en pente qui descend vers la vallée de la Brévenne, traversée par la montée… de Louhans, l’autre versant du plateau descendant vers la vallée de la Turdine.

Car au delà de la zone évoquée ici, l’ensemble du plateau se prolongeait vers le sud ouest par le Grand Champ, l’Aquacentre, la zone d’activités et Persanges, avant de redescendre vers Sain Bel et Savigny. 

Pourquoi le nom de Louhans ? 

Louhans, Louan, Lovanis, venait, comme son similaire Louhans, de Saône-et-Loire, du celte louec’h : marécage. Une partie du plateau, justifiait cette désignation. Cela semble moins évident maintenant que l’homme pendant des siècles a dompté le terrain pour le soumettre à ses besoins.  

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Sur cette carte de Cassini (environ 1750) la présence de la chapelle est clairement signalée.

Notez au passage que le nom de notre ville n’est pas encore fixé… et que Eveux a perdu son « y » ! 

Mais si l’on regarde de plus près, on se rend compte qu’il y a sur le plateau une multitude de petits étangs, que des ruisseaux descendent du plateau vers les rivières, tels le Thurieux qui rejoint la Turdine près du Pont Pierron ou la Goutte Blondeller qui rejoint la Brévenne aux Ragots.

Il existe une multitude de puits, de sources, de serves, ce qui a favorisé un habitat dispersé, en particulier sur Savigny, et qui explique que cette région a été habitée depuis fort longtemps. 

Les premiers cénobites .  

Ce terme n’est plus guère utilisé ; c’est ainsi que l’on nommait les moines du début de l’ère chrétienne. Le cénobitisme est une forme de vie monastique en communauté. Le terme cénobite désigne les hommes qui aux premiers temps du christianisme, par opposition à anachorète ou à ermite, qui vivaient seuls ce genre de vie. Les moines sont soumis à un supérieur élu à qui ils doivent une absolue obéissance.

Il est dit, dans la Gallia christiania (histoire des archevêchés, évêchés et abbayes de France), que Saint-Maur passant par l’Arbresle, dans le sixième siècle, eut connaissance d’un cénobiat situé dans un bois voisin.  Savigny, à quatre kilomètres, n’était pas tout à fait voisin, et l’abbaye n’existait pas encore. 

Tout porte à croire que ces cénobites étaient réunis dans une forêt du haut de Louhans, et que ce sont eux qui furent à l’origine de l’abbaye de Savigny.

Le rôle de ces premiers moines était d’être missionnaires, d’assurer l’enseignement religieux aux populations. Leur présence se concrétisait par une chapelle ou une église, puis un cimetière, et attirait plus ou moins une nouvelle population.

Selon Philippe Auguste Gonin, historien de l’Arbresle, au 19ème  siècle, avant l’arrivée de Saint Maur, le lieu de Louhans était probablement un lieu de collèges de druides, pour diverses raisons, l’une d’elle étant que les premières missions des chrétiens se faisaient de préférence là où existait déjà une activité religieuse « païenne ».

Ce petit monastère est-il resté après l’ouverture de l’abbaye, et après les attaques successives ? Car la proximité de l’abbaye, lorsqu’elle fut édifiée attisa les attaques multiples, étant donné les richesses amassées : sarrazins, hongrois, huguenots et autres… Une chose est certaine, la chapelle continue à être un lieu de culte pendant plusieurs siècles. 

La chapelle 

On l’a vu plus haut, dès le sixième siècle, il y eut un lieu de culte avec le cénobiat. Plus tard, nous apprenons que, en l’an mil, une charte du Cartulaire de Savigny dit :

« Moi Arold, pour le salut de mon âme, celle de mon père Andrad et celle de ma mère Magniscende,, je donne à saint Martin de Savigny une église dédiée en l’honneur de Saint Etienne ; deux bâtiments de ferme avec verchères  et deux courtils  avec un bois au milieu. Ces biens sont situés au pays lyonnais, au territoire de la Brévenne, en la villa de Louans . Leurs bornes sont : au matin,  la voie publique ; au midi, le bois de saint Martin, au soir le cours d’un ruisseau et la terre de saint Martin, au nord, le sentier qui mène à l’église ». 

C’est donc à cette date que l’église de St Etienne devient officiellement possession de l’abbaye de Savigny. Arold en conserva cependant l’usufruit jusqu’à sa mort. Après son décès, tout devait revenir en toute propriété à ladite abbaye. Cet acte fut signé par Arold, « qui pria d’en faire passer le contrat et le confirma », par Ermengarde, son épouse, puis par les témoins Téogrin, Girard, Girold, Albert et Aretus.  Comme quoi, la grande peur de l’an 1000 qui provoqua tant de donations, a encore maintenant  l’utilité de servir l’histoire !

A partir de 1790, époque révolutionnaire, c’est la mise en vente des biens du clergé, dont la chapelle de Saint Etienne ; on sait qu’elle a été vendue comme Bien National à un lyonnais qui habitait place Bellecour. 

L’abbé Valin, au 19ème siècle, nous dit :  

« Cette église existait encore au siècle dernier ; on y allait en procession pour les Rogations. On a cessé en 1904. Nous ne savons pas au juste quand et comment elle a disparu, mais il n’en reste aucun vestige » ; il nous dit encore : « Non loin de là, au bord du sentier, on a érigé une croix en souvenir de cette église. La petite cloche de l’Arbresle semble avoir été la cloche de l’église de Saint-Etienne, car elle porte cette inscription en lettres gothiques : Sainct Etienne Laudate Dominum in cimbalis bene sonantibus. Te Deum, laudamus laudamus, laudamus ,eum laudamus. – L’an MDXXXVII. ». Cette cloche pourrait donc dater de 1537.

La présence d’un probable cimetière sur le plateau de Saint Etienne est signalée par l’abbé Valin qui nous dit que « M.  Chatron affirme avoir déterré des ossements humains en creusant les fondations pour sa villa de Saint-Etienne située non loin de la croix qui marque l’emplacement de l’ancienne église de Saint-Etienne de Louhans. Il y avait donc un cimetière près du sanctuaire disparu. »

Bien que la date et la cause de la démolition restent à préciser, cette chapelle existait encore en début du XXème siècle 

Quant à la croix censée marquer l’emplacement de l’ancienne chapelle, elle est toujours présente, au bord du chemin de Saint Etienne, non loin de l’actuelle rue Baccot. L’histoire de cette croix mérite d’être contée. 

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La croix de Saint Etienne 

M Subrin qui possédait une entreprise de maçonnerie nous apporte son témoignage : « Nous sommes mandatés en mars 1950 par la paroisse, à la demande de M Emile Besson , afin de rechercher les restes d’une croix disparue depuis de nombreuses années et qui avait été érigée à l’emplacement de l’ancienne chapelle de Saint Etienne. C’est dans les haies et fossés du chemin bordant les propriétés Auger et Besson que nous découvrons enterrées à une faible profondeur les fondations de cet ouvrage. 

Il est donc décidé de la reconstruire. Il est demandé à M Joseph Dessaint Jean, tailleur de pierre à Glay de bien vouloir effectuer la fourniture et la taille d’un socle en pierre. Celui-ci n’exploite plus sa carrière et confie ce travail à un ami ayant une des dernières carrières en service, à Theizé, où la pierre est pratiquement similaire.

Nous aménageons de nouvelles fondations, afin d’appareiller le socle, constitué de moellons, d’une pierre de base et d’un entablement relativement important. La mise en place de celui-ci nécessite la l’utilisation d’une « échelle d’engin », seul dispositif en notre possession à l’époque pour placer en élévation des éléments lourds. 

M. Béraudiat, menuisier doit façonner la croix en bois de chêne. Cet artisan de grand talent réalise un très bel ouvrage, qui sera scellé sur le socle. 

En septembre 1950 M le curé Ribe procède à la bénédiction de la croix. L’inauguration a eu lieu devant une importante assemblée, qu’avait convié la paroisse et M Emile Besson, heureux que soit réalisé cet édifice rappelant l’emplacement de la chapelle de St Etienne de Louhans, et sous les ombrages de sa propriété, un vin d’honneur est offert.

L’entretien qu’aurait demandé cet ouvrage en chêne exposé aux intempéries, n’a pu être fait de façon régulière au cours des années qui ont suivi. Il a donc fallu procéder à son remplacement Le socle en pierre dorée est resté en place et supporte actuellement une croix de granit, réalisée par M Lapandéry en 1981.  » 

La Ponchonnière 

On ne peut évoquer le plateau et sa chapelle sans citer le domaine de la Ponchonnière, l’un des plus anciens connus dans cette région, sis au fond de l’allée de la Ponchonnière, qui prend sur la rue Baccot. La famille fondatrice était, semble t’il les Ponchon,  puisque leur nom devint celui du domaine.

Dans les textes anciens, le nom apparaît au 17ème siècle, où l’on apprend que « Jean Dufournel,  procureur, qui fonda les laudes du dimanche à l’Arbresle. avait épousé demoiselle Fleurie Ponchon ».

L’abbé Devay, vicaire de la paroisse à l’époque en 1617, fut témoin du testament  «pour honeste Antoine Ponchon, marchand de L’Arbresle, fondateur de la première messe. » 

En 1623, l’abbé Devay est également témoin pour le testament de «noble demoiselle Jacquemine Ponchon, épouse de  Monsieur de Gaignières de Beauregard ».

Cette demoiselle Jacquemine, pieuse et bienfaisante, avait épousé le 17 avril 1621 Monsieur Pierre de Gaignières de Beauregard, lieutenant dans les affaires militaires pour le duc de Lapoyvrière, Fleurine et Jacquemine Ponchon étaient probablement les sœurs de Antoine Ponchon, déjà évoqué. Antoine Ponchon épousa une demoiselle Poncet de la Vavre, dont la mère était une Pignard.

Nous retrouvons le nom de Pignard dans la généalogie des gens de la Ponchonnière, avec Etienne Pignard né fin du 17ème ou début du 18ème siècle. Les noms ont changé mais c’est la même lignée qui resta au domaine jusqu’à aujourd’hui. 

Voilà ce que nous savons pour les personnes. Quelques mots de la propriété. Une croix est érigée sur le mur de la propriété, à gauche du portail d’entrée ; sous cette croix, un plaque portant une inscription  sculptée mala-droitement :

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A LA PONCHON(IE)R(E) DE LOVANT (LOUHANS) ; l’inscription est suivie de EP 1755, ces initiales pouvant être celles d’un Ponchon… ou d’un Pignard ! 

Que va devenir ce lieu chargé d’histoire, Ce lieu de verdure où les promeneurs affluent le dimanche ? 

Espérons que les décideurs contemporains auront une sagesse digne de nos descendants.

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