Les quartiers et les propriétés

Commune libre de la Glacière des Vernays

Résumé

Les communes libres se sont créées en France après la guerre de 1914 ; elles étaient cependant les héritières de la Commune de Paris de 1871. D’esprit libertaire, voire anarchiste au début, elles refusaient l’ordre établi.

Progressivement, en particulier après les deux guerres, elles prirent un tour beaucoup plus pacifique : ramener dans les populations, le sourire après les souffrances, et le réconfort matériel aux plus démunis après les conflits.

Elles firent assaut d’humour et souvent, de générosité. L’une des plus célèbres, la Commune Libre de Montmartre fut fondée en 1920. 

Naissance de la Commune Libre 

La commune libre de la Glacière à l’Arbresle, fut créée en 1949. Son nom vient du lieu où elle vit le jour, Une ancienne fabrique de glace située rue de la Brévenne ; au-delà, vers l’ouest, c’était le quartier des Vernays qui n’était encore qu’une zone de jardins avec quelques maisons. 

Son ambition était de recréer des animations dans la ville et de recueillir des fonds pour aider les plus nécessiteux.  Voici repris dans la presse de l’époque le récit de sa création.

Prémices à cette naissance, ce fut d’abord dès samedi soir la retraite aux flambeaux. Emmenée, heureuse coïncidence par une musique militaire de passage dans notre ville.

L’ambiance était créée ! On attendit le dimanche matin avec impatience

Tirés de leurs rêves par les salves d’un canon pacifique, les Arbreslois gagnèrent le vieux quartier des Vernays. Ce coin calme et quelque peu délaissé était méconnaissable, dans le chatoiement des guirlandes et le froufrou des mousselines. 

La cérémonie officielle 

Les jeux pour les enfants venaient de se terminer lorsqu’on passa aux choses sérieuses. Il faut tout d’abord préciser que saluées par les ritournelles de MM. Perrachon et Champalle, les différentes personnalités étaient arrivées à la «mairie», pavoisée, qui, «dans le civil», n’est autre que le café Bachelard . Il était aisé de reconnaître, sous le chapeau à plumes, sous l’uniforme désuet et charmant, sous l’habit solennel et guindé, mais égayé par la cravate rouge et verte, un ami, un parent ou un voisin. 

M. Charvet, maire de L’Arbresle, après s’être félicité de rencontrer un collègue, dit sa satisfaction de voir ses administrés entreprendre, sous l’égide de la bonne humeur, une tâche de secours et d’entraide, bien nécessaire actuellement.

A chaque arrivée, des remous joyeux secouaient le foule, heureuse

 Puis il remit à M. Cherpin, très ému, l’écharpe tricolore. Ce dernier prend alors la parole en termes simples et directs, remercie ses nouveaux et joyeux administrés. puis passe la parole au vice-président de la République, M. Simonet. qui définit les buts des communes libres. On pourrait les résumer ainsi : «Aider ceux qui souffrent en s’amusant et en amusant les autres» 

L’Harmonie de L’Arbresle, après avoir exécuté «La Marseillaise», poursuit son concert, interrompu bientôt par la dernière cérémonie du matin, la remise des clés de la Commune à messieurs Genty et Ravier. Midi rassemblait les vieillards  autour du repas qui leur fut offert par la Commune Libre, dans un local prêté par monsieur Genty.

Dès 15 h. le défilé, conduit par l’Harmonie de L’ArbresIe et les Trompettes de Sourcieux, ramenait la population dans les rues. 

Une brillante cavalcade 

Le char de la Commune libre de L’ArbresIe, où avaient pris place M. le maire ; Mme Gérard, son adjointe;  M. Simonet, le vice-président de la République des communes libres du Rhône,  le maire de la commune libre de Givors, précédait le char de la reine, Mlles CÎaudette Doujot, entourée de ses demoiselles d’honneur, Mlles Joannon et Raymonde Barrero. 

Ensuite venait le char des enfants, symbole de la naissance de la commune libre et aussi de sa vitalité ; puis arrivait la commune libre de La Giraudière, avec son maire. M. Reissier, son juge de paix, sa cantinière, ses pompiers, son emblème : la « vache enragée », et sa devise : « Tous unis pour n’en plus manger ».

Derrière les Libellules de Tarare, la Commune libre de Givors. Avec ses Zoulous et son vélocipède, précédait le car des vieillards. Puis venait la délégation arabe, conduite par le sympathique Brahim des mouquères arbresloises. 

La kermesse 

Enfin, les membres de la Commune libre de la Glacière des Vernays fermaient la marche.

Et tout ce monde, traînant derrière lui les rires et les acclamations, emmena la foule à la kermesse, où les attractions nombreuses et les buvettes bien achalandées, n’empêchaient pas le public d’apprécier un spectacle où nous relevons les numéros des «Libellules de  Tarare, des «Diabolos» et de Mlles Chanrion, Thomas et Chassaing de l’Union arbresloise. 

Ces numéros étaient présentés par M. Cottaz l’infatigable animateur des œuvres de bienfaisance de notre ville.

Au cours de l’entracte, M. Charvet. et M. Simonet, s’adressèrent au public pour se féliciter à nouveau de la naissance de cette commune libre et pour remercier les organisateurs du brillant résultat obtenu. 

Le concours des bébés 

En marge des attractions, se déroulait le concours de bébés organisé en accord avec la Croix-Rouge, dans le parc aimablement prêté par M. Radier.

Avant que les résultats ne soient proclamés, le Dr Dumollard, qui présidait le jury, prit la parole et félicita les mamans pour la beauté et la santé des bébés présentés. Il dit l’embarras du jury pour départager des enfants que l’on pouvait mettre tous sur un pied d’égalité.  

En résumé, une fête très réussie, couronnée par un bal populaire où la joie régna pleinement, au sein de la plus comique fantaisie. Comme le titrait Le Progrès à l’époque, une manifestation «  Sous le signe de l’entraide et de la bonne humeur »

Beau succès d’un genre Inédit à L’Arbresle et qui apportera, n’en doutons pas, un adoucissement au sort de nos vieillards. 

Tout a une fin 

D’aussi importantes manifestations étaient forcément lourdes à gérer, financièrement et, malgré toutes les bonnes volontés évidentes, très gourmandes en temps pour la préparation et le déroulement. Il n’y eu donc que trois Foires de ce genre et la Commune Libre s’éteignit dans le froid de la Glacière.

 

Bibliographie :
Quotidien Le Progrès du 19 septembre 1949
Nos lecteurs voudront bien nous excuser pour la médiocre qualité des photos d’époque
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