Les quartiers et les propriétés

La Giraudière

Résumé

Simple lieu de passage sur la RN 89 le hameau de la Giraudière est chargé d’histoire et a un statut peu banal.

Côté RN 89 il dépend de Bessenay mais dès l’entrée, ayant franchi près du centre d’apprentissage le pont sur le Cosne, vous vous trouvez à Brussieu où sont concentrés tous les commerces, puis tournant à gauche, en direction de l’ancienne gare vous franchissez le pont sur la Brévenne et vous vous trouvez à Courzieu, mais dans tous les cas à la Giraudière.

Si Courzieu à un passé riche, il n’en est pas autrement pour la Giraudière qui fut longtemps un lieu de travail et de réjouissances.

Si l’on suit la chronologie, on s’intéresse au premier abord à la mine de charbon « fantôme » car jamais réellement exploitée. 

Dès le 24 juillet 1758 le sieur Blanchet concessionnaire des mines de cuivre de Sain-Bel demande l’autorisation  « d’exploiter une mine de charbon de terre qu’il a découvert dans le territoire de la Giraudière » autorisation qui lui est donnée le 31 juillet de la même année avec cependant l’obligation de donner dans les quinze mois preuves du succès de son entreprise. Le 9 février 1785 un certain La Bouillaye demande une autorisation d’exploitation pour 30 ans. La demande est appuyée le 1er  juin 1785 par l’argumentaire suivant : 

« La concession demandée par messieurs les associés aux mines du lyonnais, de celle de charbon de terre à la Giraudière ne paraît sous aucun point de vue d’avoir leur d’être refusé ; les faits exposés dans la requête, qu’ils ont eu l’honneur de présenter, à cet égard, à Monsieur l’intendant général des mines, sont vrais; je me suis transporté à l’endroit où cette mine est ouverte, l’exposition du local ne présente aucune difficulté pour son exploitation, le transport du charbon sera très facile, le nouveau grand chemin de Ste Foy, joint le pont de la Giraudière qui n’est pas à 200 toises de cette nouvelle mine ; elle est distante de celle de Ste-Foy-l’Argentière de plus d’une lieue et demie ; de manière que dans l’étendue, où les associés se proposent d’ouvrir cette mine, il n’en existe aucune, la mine de Ste-Foy ne fournit plus la même quantité de charbon que les années précédentes, que le public a singulièrement souffert l’hiver dernier de cet événement, soit par la difficulté de s’en procurer soit à cause du prix qui a augmenté d’environ d’un tiers et qu’il désire que la nouvelle mine ait tout le succès possible; il est très vray que la mine de Sain-Bel emploie du charbon de terre pour la fonte de leur métal ; il en résultera du savoir de cette nouvelle mine un avantage pour l’exploitation de leur mine de métal, celui de la conservation du bien et spécialement celui du public. »

                                   signé « Rigottier »

 

Apparemment l’exploitation se poursuit mais un rapport du 12 mai 1860 indique qu’il serait trop onéreux de continuer à exploiter le puits en profondeur, et à partir de celui-ci on continue à creuser dans la longueur avec divers résultats, pour en dernier, trouver une couche d’une épaisseur de 1 mètre et d’une richesse incontestable ce qui permet le 6 février 1861 aux Sieurs Leullion de Torigny, Thomasset, Chambon, Lambert, Guinamard, Bernier, Attandre, Marcel, Robert, Attandre (Gabriel) Berger, Corradé, Fagot, Mouton d’obtenir une concession appelée de la Giraudière.

Puis de décembre 1892 à novembre 1896 des travaux de recherches s’étendent de la Giraudière jusqu’au hameau du Barange et une carte du "bassin houiller" de la Giraudière nous montre que des puits ont été creusés jusqu’aux hameaux de Corompt et du Giraud.

La mine semble ensuite en sommeil, mais un loyer est régulièrement payé aux propriétaires des terrains.

Enfin le 30 janvier 1954 la société Saint Gobain indemnise le propriétaire des terrains de la Giraudière pour "les pertes de récoltes et les dommages causés au terrain par suite des travaux de recherches et de l’exploitation d’une mine de charbon de terre se trouvant sous ledit terrain, ainsi qu’à titre de complément forfaitaire de loyer pour la période allant du jour initial de la location consentie en 1854 par mes prédécesseurs MM Chambon et Leulliet jusqu’au 31 décembre 1953.

La mine se manifesta quelques années plus tard, par l’effondrement d’une partie du pré situé derrière la gare et l’on pu constater de visu qu’elle avait bien existé.

Peut-être nous réserve-t-elle encore quelques surprises. 

La gare 

La première section de l’Arbresle à Sain Bel est mise en service le 21 novembre 1873, celle de Lyon à l’Arbresle et raccordement et de Sain Bel à Montbrison le 17 janvier 1876. La ligne fonctionne pour les voyageurs et les marchandises.   

Courzieu-Brussieu au temps de la vapeur 

Elle cessera en 1955 pour les voyageurs et le trafic marchandises cessera lui plus tard. La voie sert encore pour les trains de pierres descendant des carrières de Courzieu et de la Patte. 

Diverses gares sont desservies dont celle de la Giraudière qui prend d’abord le nom de Courzieu-Brussieu, nom qui soulève de nombreuses polémiques.

 Un vœu est émis en 1884 tendant à substituer à celle existante, la dénomination de Courzieu-la Giraudière        

«Le conseil général considérant que la dénomination impropre de la Giraudière, qui ne s’applique qu’à un hameau, n’indique point aux voyageurs qu’elle désigne en réalité la commune de Brussieu, et produit constamment des erreurs au préjudice desdits voyageurs qui ne connaissent pas tous la localité où les appellent leurs affaires, descendent tantôt avant tantôt après cette gare… émet le vœu que la dénomination de Courzieu-Brussieu soit substituée à celle de Courzieu-la-Giraudière.»

Cette demande est refusée par une décision ministérielle du 24/1/1894, mais une nouvelle demande est faite en 1898, adoptée et contestée lors de la délibération du conseil général du 14/4/1899 par l’intervention de M Perier

« Permettez-moi Messieurs de vous présenter quelques observations au sujet de la décision prise par votre commission générale en ce qui concerne la dénomination nouvelle à donner à la gare de Courzieu-la Giraudière. J’accepte bien volontiers la proposition tendant à ajouter le nom de Brussieu, mais je vous prie de rejeter la disposition qui pourrait avoir pour effet de faire disparaître le nom de la Giraudière; situé sur trois communes, Brussieu, Courzieu, Bessenay, ce hameau a une réelle importance au point de vue industriel. L’usine de soierie de la maison Tabard occupe au  moins 200 ouvriers; d’autre part, aux scieries mécaniques viennent encore s’ajouter le commerce des bois, celui des fromages, sans parler des petits négociants dont le nombre est au moins une trentaine. Enfin la Giraudière a des droits acquis puisque depuis 26 ans la gare porte son nom………Je répète d’ailleurs que nous acceptons volontiers la dénomination proposée par la commission, de Brussieu, Courzieu, La Giraudière ». 

Proposition mise aux voix et adoptée mais le ministre s’y oppose à nouveau bien que la commune de Brussieu ait accepté de payer les frais de modification en Courzieu Brussieu, dans le même temps une pétition des habitants et des industriels de la Giraudière demande le maintien du nom de ce hameau.. et le ministre tranche en maintenant le nom de Courzieu la Giraudière. En 1900 à la première session du conseil général la question est à nouveau posée, mais à la session suivante le Ministre tranche définitivement pour Courzieu-Brussieu dès lors que la compagnie P.L.M. est d’accord ainsi que la commune de Brussieu qui avait délibéré pour payer les frais de modification du nom. 

Une histoire qui a duré 16 ans, et l’on peut toujours admirer la plaque Courzieu-Brussieu sur la gare reconvertie en salle de réunions. 

N.D.L.R. : Ces pages ont été réalisées grâce aux documents communiqués par Marie-Jeanne Espéjo, de Courzieu. Qu’elle en soit, au nom de tous les lecteurs, vivement remerciée.

 

 

 

 

 

 

 

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