La maison du Champ d’Asile
Résumé
En face de la colline féodale séparée par la rue Centrale (rue Charles de Gaulle), une autre colline s’épanouit doucement autour du chemin qui relie l’abbaye de Savigny à l’Arbresle
Quelques constructions au milieu des champs de chanvre, des prés, des vignes, des bois commencent à émerger au XVIII° siècle.
L’une d’elles, vient d’être considérablement transformée et abritait jusqu’à 1998 la Sté Protectrice de l’Enfance, fondée à la fin du siècle dernier et qui possédait cette maison avec un parc aux arbres centenaires, pour l’éducation et le loisir des enfants déshérités (1). Le nom de "Champ d’Asile" lui fut attribué et la rue qui longe cette propriété s’appelle également avenue du Champ d’Asile (2).
Du point de vue historique, cette demeure avait été acquise, avec beaucoup d’autres, au titre des biens nationaux (adjudication en date du 12 avril 1791) par Me Claude LACROIX, notaire royal et maire de l’Arbresle (II avait été nommé avec Etienne PEILLON, aubergiste de l’Arbresle, comme représentants des cahiers de doléances aux Etats généraux).
Par voies d’héritages successifs, la maison appartint aux familles Lacroix, Landar, Sainclair, Vincent et Lalande. C’est la seconde épouse d’Emmanuel Lalande qui céda la maison à la Société Protectrice de l’enfance.
Une date situe sans doute l’origine de la maison : 1738, date gravée sur un pilier de la cave. La pierre dorée sur laquelle le nom de S.CLAIR est notifié au dessous de l’appellation IMPERANTE NAPOLEON donne à penser que cette propriété fut cohabitée par M.Pierre Marie Sainclair jusqu’à sa mort en 1882 et par son fils le docteur Jean Jacques Sainclair (1820-1880).
Le domaine du «Champ d’Asile» actuellement de 7300 m2 a été vendu à un promoteur immobilier pour la construction de 6 villas individuelles dans le parc et l’aménagement des parties habitables en logements. Celles-ci comportent un ensemble de 3 structures imbriquées et rapportées. La première, la plus importante comprend l’entrée principale du bâtiment;
Le corps principal du bâtiment a fait l’objet de travaux de ravalement à partir de 2000. Le crépissage ancien a été éliminé faisant apparaître de belles pierres dorées. Grâce à des soupiraux visibles au ras du sol, il existe des caves enterrées; cette partie forme un aspect très homogène et rectangulaire d’une construction fin 19° à trois niveaux ; quatre ouvertures à chaque niveau au sud et à l’ouest tandis qu’à l’est se profilent cinq ouvertures avec une porte-fenêtre comme porche d’entrée. Imbriqué dans cet ensemble, et en avant de celui-ci, un bâtiment en briques roses à allure très nette de pièce rapportée à deux niveaux avec des embrasures nettement plus importantes permettant à la lumière et au soleil d’inonder largement l’intérieur, sorte d’orangerie avec portes et fenêtres cintrées.
Derrière cette bâtisse 20° siècle, la partie la plus intéressante et la plus ancienne datant du XVIII° siècle ayant les caractéristiques d’une maison beaujolaise de cette époque (on a retrouvé la date de 1738 sur un des piliers à partir duquel avaient été construits les édifices adjoints) ; ce 3ème corps de bâtiment est construit sur deux niveaux avec des pierres dorées en haut de la montée d’escalier ainsi que le pilier qui soutient le toit (est-il d’origine celui-là ? pas sûr..). L’escalier extérieur est sûrement d’origine lui, vu l’état des marches ; les contre marches portent toutes les marques du tâcheron LD., I’une d’elles présentant même les deux lettres à l’envers. Au premier niveau, la cave abritée par un porche d’origine, présente sur la partie latérale gauche une croix sculptée et un motif non identifié, sorte d’insigne? Au deuxième niveau, au sommet de l’escalier, une porte avec une petite terrasse aujourd’hui vitrée où un revêtement de pierres jaunes situe les sentiments et l’identité du propriétaire par ces lettres gravées dans la pierre IMPERANTE NAPOLEON et S.CLAIR.
Une coudière en pierres dorées sur une fenêtre du bâtiment ancien retient l’attention. A l’intérieur de la première bâtisse, au premier niveau, il nous a paru intéressant de signaler la présence d’une niche de marbre creusée à l’intérieur du mur avec un robinet- Est-ce vraiment l’emplacement d’un lavabo ou est ce une niche où pouvait trôner une madone.
Terminons en signalant que sur le côté gauche de l’entrée des véhicules, donc face au bâtiment ancien, se trouve un autre bâtiment à deux niveaux qui devait servir autrefois d’écurie pour chevaux et de parc pour attelages au rez-de-chaussée et de granges au premier étage avec accès à celui-ci par un escalier en bois rudimentaire: poutres et murs intérieurs laissent deviner un certain âge à cette annexe bien que l’aspect extérieur sans doute remanié très souvent accuse une allure plus moderne.
Antoine MEUNIER
(1) Lors du recensement de 1936, on apprend à la rubrique « Champ d’Asile » que la directrice de la « pouponnière », était mademoiselle Henriette Marchal, native de Nogent ; elle est décédée le 14 février 1938, à l’âge de 53 ans, et enterrée au cimetière de l’Arbresle. Sa sœur, Alice, était infirmière.
(2) Il y avait une couturière, madame Marie Ducharne, et quatre domestiques : Mesdames Marie Chareyre, Jeanne Triomphe (de Lozanne), Lucie Mazot d’Amplepuis, et Adrienne Harmand. Bien que cette maison ait eu pour but de servir d’ «asile » a des enfants, il semble qu’il faille chercher ailleurs le sens de ce nom de « champ d’asile ». Au Moyen âge, les églises et les cimetières étaient des lieux d’asile pour ceux qui étaient poursuivis ou avaient besoin d’aide. Par extension, les cimetières, si souvent désignés «champs de repos» devinrent des « champs d’asile », principalement utilisés pour ensevelir les indigents.Bibliog. : Pré inventaire