Le petit patrimoine

La glacière de la Tourette, à Eveux

Résumé

Histoire d’une restauration

Dans le domaine de la Tourette les nombreux promeneurs pouvaient voir avant 1998, sur le bord d’un chemin forestier, en contrebas et à peu de distance du couvent, une construction abandonnée, envahie par les broussailles et la mousse dont on ne distinguait bien que la toiture conique autrefois garnie de tuiles vernissées.

Cet ouvrage maçonné est une glacière, construite vers 1764 par le seigneur du lieu et plus précisément par Jacques Annibal Claret de Fleurieu, seigneur de la Tourette. 

Petit historique des propriétaires successifs de la Tourette 

1576, la maison forte, appartient à Messire Alexandre, seigneur de la Tourette 

1681, Blaise et Jean Claret négociants à Lyon, achètent à Jean Michon bourgeois de Lyon la maison forte de la Tourette, paroisse d’Eveux. 

1688, Jean reste seul propriétaire. Il permit le passage de la position de marchand bourgeois de premier plan à celle tant appréciée de son milieu que confère l’appartenance à la noblesse de robe. L’acquisition de domaines et de droits seigneuriaux constituait un placement sûr et honorable, consécration de promotion sociale.

Vont suivre son fils Claude (1656-1746) dit «le seigneur de la Tourette», puis Jacques Annibal dit « le Président de Fleurieu » ( 1692-1776). Il fut le premier «de Fleurieu», la famille Claret changeant à cette époque de patronyme. Pourquoi de Fleurieu ? Parce que cette famille possédait aussi le château de Bélair à Fleurieux.

Vient ensuite son fils Camille Jacques Annibal Gaspard (1727-1796), et enfin Jean-Jacques Claret de Fleurieu, qui vend la Tourette en 1801. 

Par achats et échanges de terrains, le domaine compte alors 76 ha clos de mur. 

La famille Claret de Fleurieu qui resta propriétaire de la Tourette pendant 120 ans, est surtout connue aujourd’hui par deux des quatre fils de Jacques Annibal :

– Marc Louis Antoine, dit «le botaniste» de la Tourette (1729-1793). Pourvu à 20 ans d’un siège de conseiller à la cour des monnaies, il abandonne la magistrature à 34 ans pour se consacrer aux sciences naturelles. Il entreprend en 1763 d’installer le jardin botanique de l’école vétérinaire de Lyon. En 1766 il crée le parc botanique dans le clos de la Tourette qui comptera plus de 3000 espèces. Il rencontra les autres botanistes de son époque, Bernard de Jussieu et Jean Jacques Rousseau son ami, lequel séjourna plusieurs fois au château.

– Charles Pierre dit « le marin » Chevalier de Fleurieu (1738-1810), construisit à 23 ans une horloge de marine indéréglable. Ministre de la marine et des colonies en 1790, démissionna en avril 1791. Une île porte son nom en Tasmanie ; L’île de Fleurieu dans le détroit de Bass. Serviteur de Louis XVI et ensuite de Napoléon qui lui fit les honneurs d’une sépulture au Panthéon. 

1801 :  achat par la famille Bellet de Saint-Trivier de Tavernost

1873 : Jean Marie Victor de Gerphanion.

1878 : Jean-François Duplay

1883 : Le comte Murard de Saint-Romain achète pour sa fille, mariée à Henri Paul de Chabannes.

1943 : La comtesse de Villiers, vend à la Société Immobilière de la Tourette (Ordre de Saint-Dominique).

1956-1960 : Les Dominicains font construire le couvent Sainte-Marie de la Tourette par Charles Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier.

La Glacière 

C’est un ouvrage maçonné de 10 m de hauteur totale, dont les ¾ sont enterrés. La cuve pouvait contenir 53 m3 de glace. Cette glacière a pu servir jusqu’en 1914 ? L’arrivée de l’électricité et la possibilité de fabriquer de la glace artificielle a fait abandonner l’usage des glacières. 

À quoi servait la glacière? Uniquement à stocker de la glace, prélevée l’hiver dans les pièces d’eau du château. La glace était reprise dès la saison chaude, pour  pouvoir offrir des boissons fraîches, ou des sorbets à ses invités et aussi pour conserver les aliments.

Ne pas pouvoir disposer de glace était de la dernière inconvenance au XVIIIème siècle.

Abandonnée et oubliée, elle servit de dépotoir, l’auvent qui protégeait l’ouverture d’entrée de la glace était écroulé et la végétation avait tout envahi. Mais le gros œuvre n’avait pas trop souffert, mis à part des parties de mur du parement extérieur écroulées et le couloir de reprise qu’il était temps de consolider. 

 C’est ce qui a décidé une équipe de bénévoles de restaurer cette construction peu commune.

(Il a été dénombré une quarantaine de glacières dans le département dont une vingtaine en plus ou moins bon état encore visibles. Pour plus de détails il faut lire l’ouvrage édité en 2000 par le Pré-inventaire « Glacières et caves à neige du Rhône ») 

Description 

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Dimensions :
hauteur de l’ouvrage : 10 m dont les ¾ sont enterrés
hauteur intérieure de la cuve : 7 m
hauteur utile au niveau du sas de reprise : 4,30 m
volume utile : 53 m3 

Matériaux  

Pierres maçonnées ; toit conique couvert de tuiles vernissées. Double voûte pour la cuve et le toit entre lesquelles se trouve de la terre, assurant l’isolation thermique. C’est une particularité, ordinairement les glacières n’ont pas de toit ; la voûte de la cuve est recouverte d’une épaisse couche de terre et on ne voit de l’extérieur que la porte d’entrée.
Ouverture d’entrée de la glace, protégée par un avant-toit, reconstruit.
Couloir droit à deux portes pour la reprise de la glace.
Sur les jambages du couloir de reprise on peut lire les dates de 1785 et de 1829, qui correspondent probablement à des restaurations ou des modifications.           

Chronologie des travaux de restauration 

En mars-avril 1998, début du nettoyage extérieur et enlèvement des immondices de la cuve. Premiers travaux de consolidation des parements maçonnés extérieurs et du couloir de reprise de la glace. 

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Septembre 1998 : consolidation des accès extérieurs

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Les travaux commencèrent sérieusement en automne 2001, le temps de trouver le financement nécessaire.

Septembre-octobre 2001 : reprise en maçonnerie de parties de parement écroulées et reconstruction de l’auvent protégeant l’ouverture d’entrée de la glace

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Les travaux reprirent en avril 2002 

Avril 2002 : piquage de la toiture Début de la réfection des arêtes, et ragréage de la toiture 

Mai 2002 : Piquage des parties verticales du parement extérieur et application d’une première couche d’enduit (gobetis) 

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17 Juillet  au 10 août : travaux de couverture par une entreprise spécialisée 

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Septembre à nov.2002 : Finition des enduits extérieurs, pose de dalles en plafond dans la deuxième partie du couloir et aménagement des abords.

 Les travaux de restauration assurés par les bénévoles ont nécessité environ 500 heures 

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Pierre Forissier 

 Sources

– Baudrier J. : « Les Claret de la Tourette et de Fleurieu », Bibliophiles Lyon A. Rey Imprimeurs, 1909. A.D.R. Fond Galle.
– A.D.R. Fond Galle : Portraits B649
– Bertholon, E. Nombreuses biographies des familles Claret, Bellet de St. Trivier, Chabannes…
– Planet.F. Le cabinet de Fleurieu : de la « galerie de portraits » au musée. Etude sur le médaillier de Lyon avec une note sur « l’Evolution sociale et culturelle de la famille de Fleurieu ».in Bulletin des musées et monuments lyonnais, 1991
 
Pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône. 8 chemin de Montauban, 69005 Lyon. L’ouvrage sur les glacières du département du Rhône est disponible à l’Office de Tourisme de l’Arbresle.

 

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