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La Mairie de l’Arbresle

Résumé

Sous l’Ancien Régime, le mot «consuls» signifiait entre autres : membres élus du corps de ville (échevins)

dans les bourgs et cités dotés de franchises et de statuts municipaux, ou encore  collecteurs de taille responsables de la rentrée de l’impôt. Une tradition orale rapporte qu’avant la Révolution, les consuls de L’Arbresle, nommés parmi les plus forts contribuables, se seraient réunis dans une maison de la rue du Marché (actuel n° 17).

Le premier mars 1789, les habitants de L’Arbresle sont assemblés pour désigner deux députés chargés de porter les cahiers de doléances devant le lieutenant général de Lyon. Cette réunion se tient en l’église de la Madeleine "attendu que l’auditoire de cette juridiction est trop peu spacieux et qu’il n’y a point d’Hôtel de Ville".

La Révolution crée les communes et les municipalités, et les organise par la loi du 14 décembre 1789. Cependant la République naissante ne donne aucune instruction concernant la mairie, appelée alors «maison commune», et les municipalités s’installent « d’abord dans l’église, le presbytère, ou dans une maison en location» (voir le Pré inventaire des mairies du Rhône, page 8).

 

 LES MAIRIES PRECEDENTES

Divers lieux de réunion

 A L’Arbresle, la plus ancienne délibération du Conseil Municipal conservée dans les archives communales date du 15 pluviôse de l’an 9 de la République. Elle mentionne que la réunion du Conseil se tient "dans l’appartement destiné aux séances de la Municipalité" (emplacement actuellement non identifié).

Une délibération de 1817 indique que le Conseil est réuni "à la Maison Commune" (non identifiée).

La délibération du 9 mai 1833 rapporte le projet d’acheter "la chapelle de la Madeleine et le cimetière attenant pour y construire un bâtiment cantonal dans lequel seraient établis un dépôt de sûreté, le corps de garde (pour les troupes de passage), l’auditoire de justice de paix et une salle de mairie". Cela ne sera pas réalisé.

En 1836, le conseil se réunit  «dans la salle d’audience, place du château». Il s’agit peut-être de l’ancien auditoire des abbés de Savigny…

 La mairie de la place de la République

 Le 25 janvier 1836, "le conseil municipal réuni demande d’être autorisé à accepter la donation par M. DESPREZ d’une place publique et d’un bâtiment devant servir de dépôt de sûreté au rez-de-chaussée, de conciergerie et de mairie au premier et d’auditoire de justice de paix au second étage".

La municipalité accepte et le projet de la Madeleine est définitivement abandonné.

La «donation» est en réalité une vente : la place et la maison sont payées à partir de 1837 sous forme de loyers versés à Desprez puis, en 1840, la Commune se libère en un seul payement, mais doit pour cela s’imposer extraordinairement. Le tout aura coûté 9000 francs dont 6000 à la charge de la Commune et 3000 octroyés par le Département.

Ce bâtiment donnant sur la place Neuve, (future place de la République), servira donc de Mairie de 1837 à 1923. D’importantes réparations sont effectuées entre 1882 et 1889, sous la direction de l’architecte lyonnais BELLEMAIN.

L’édifice, rectangulaire à trois niveaux, n’est pas sans allure : le rez-de-chaussée  présente une large porte en plein cintre, les chaînes d’angles sont constituées de blocs saillants alternés, le pignon sur la rue de la mairie est ajouré d’un bel oculus, les arcs des hautes fenêtres du deuxième étage rythment la façade (hélas, cet été 2005, les anciennes huisseries ont été remplacées par des menuiseries inadaptées). Après le déménagement de la mairie en 1923, celle qu’on dénomme dorénavant « l’ancienne mairie » restera encore longtemps dans le patrimoine communal. Au fil du temps, elle abritera entre autres le conseil de révision, la justice de paix, la recette des contributions indirectes, des permanences d’associations, des salles de réunions… Le rez-de-chaussée servira d’abri bus, à côté de toilettes publiques. Le Syndicat d’initiative du Canton de L’Arbresle s’y  installera en 1978. 

LA MAIRIE ACTUELLE

 Historique du bâtiment avant l’acquisition par la commune

Le plan de L’Arbresle dressé vers 1750 indique que la maison acquise par la commune en 1923 existait déjà vers le milieu du XVIIIème siècle. On ne connaît pas la date exacte de sa construction ni le nom de son bâtisseur. Il semble que les marques visibles sur les pierres dorées des piliers soutenant les voûtes du caveau, appartiennent à des carriers ayant oeuvré dans la première moitié du XVIIIème siècle.

Vers 1750, la propriété appartient à Mme FENOUILLET. Un acte notarial de 1756 mentionne une certaine "Dame Sibille FENOUILLET, épouse de Joseph-André FENOUILLET, trésorier de France en la Généralité de Lyon, demeurant en la ville de Lyon, et présent en sa maison de campagne au lieu de L’Arbresle". Nous serions donc en présence d’un des nombreux domaines campagnards arbreslois appartenant à des bourgeois ou nobles lyonnais (comme les VALOUS ou les DODIEU)

Du XIXème au début du XXème siècle, la propriété passe notamment dans les mains des familles LACROIX, PEILLON, et finalement DERVIEUX.

 Acquisition par la commune

 En 1923, pendant le mandat du maire GENTIL-PERRET, la Commune envisage l’achat de la propriété DERVIEUX. Dans sa délibération du 22 avril 1923, le Conseil remarque que par cette acquisition, "la ville de L’Arbresle sera pourvue de ce qui lui manque : primo, une Mairie convenable et un jardin public au centre de l’agglomération ; secundo, de vastes terrains pouvant servir de jardins ouvriers ou d’emplacements pour construire à bon marché…".

Le projet d’acquisition comporte deux parties qui sont à l’origine deux propriétés voisines réunies par Claude DERVIEUX :

– un immeuble (actuelle mairie) limité au nord par le chemin de Savigny, à l’ouest par le chemin du Four à Chaux, à l’est par la rue de Bordeaux. L’immeuble se compose d’une première maison d’habitation, d’un passage couvert, d’une seconde maison d’habitation et de divers bâtiments annexes dont un cuvier et une serre. Au devant, une terrasse et un parc jardin avec pièces d’eaux.

– une propriété achetée en 1922 par Claude DERVIEUX aux époux CHATANAY-FICHET délimitée par le chemin des Brosses et le chemin de Savigny (actuelle place P-M Durand et ses alentours), comprenant des bâtiments en mauvais état (aujourd’hui disparus) et un vaste terrain en pré, jardin, terre et vigne.

 La municipalité fait expertiser le domaine par l’agent voyer cantonal qui rend un rapport très favorable : "L’acquisition est à notre avis tout à fait opportune pour la Ville de L’Arbresle qui trouvera dans cette transaction non seulement un avantage financier mais un avantage plus important qui lui permettra de doter la commune d’un Hôtel de Ville digne d’un chef-lieu de canton et placé de façon merveilleuse à l’air et à la lumière, chose qui n’existent pas dans la vilaine maison qui abrite actuellement les services municipaux".

Après l’achat, les travaux d’aménagement s’étalent de 1924 à 1926, dirigés par l’architecte ROGNIAT. Ils sont réalisés par divers artisans locaux ou régionaux : DESSAINTJEAN le carrier de Glay, le charpentier FINE, le menuisier BEROUDIAT, le plombier zingueur et chauffagiste LEBLOND, le chaufournier GAILLARD, le ferronnier BOURGEAY (de Trévoux)… Les plâtreries et peintures sont confiées à LONGHETTI, ce qui déclenche les protestations de deux autres artisans arbreslois, insinuant que la commune a choisi un entrepreneur de nationalité étrangère ! L’installation de l’électricité est réalisée par DIDIOT, les lustres et bronzes d’éclairage sont livrés par les établissements FICHET. La maison arbresloise « Modern’meubles » de M. GOUTTE  fournit  le mobilier.

Une salle des fêtes est construite en 1924, toujours sous la direction de l’architecte ROGNIAT. Elle abritera notamment les séances de cinéma. Les décors sont réalisés par Monsieur BESQUET. Un piano complète l’équipement en 1929. M. MARLY est nommé exploitant de la salle en 1930, en remplacement de M. RAMEL.

Entre 1926 et 1975, des bains douches municipaux fonctionnent près de la salle des fêtes.

Au fil du temps, les locaux annexes abriteront entre autres : les pompiers, les cours du centre d’apprentissage, la bibliothèque municipale…

La restauration / reconstruction de 1985

Au début des années 1980, il est projeté de restructurer le centre administratif de la commune (l’idée est évoquée dès 1974). Le «Courrier arbreslois» de janvier 1982 dresse un état des lieux : « Maison dite bourgeoise à la fin du siècle dernier, l’immeuble de la mairie n’a pas fait l’objet de transformations notables depuis 60 ans qu’elle est la propriété de la commune. Nous respecterons bien entendu cet immeuble intégré au paysage arbreslois et nous construirons à la place de la salle municipale, désuète et disgracieuse, le nouvel immeuble complémentaire ». Dans le bulletin municipal de 1982, le maire Joseph Charvet expose les intentions de la municipalité : « Il s’agit de l’extension, de la modernisation de l’actuelle mairie, et du regroupement des divers services financiers, administratifs et sociaux que fréquente le public de L’Arbresle et du canton. Un nouvel édifice est prévu à la place de l’actuelle salle municipale. Il sera relié au bâtiment actuel insuffisant et inconfortable, tant pour le personnel que pour le public. Le coût de cette construction atteindra, en monnaie 1982, y compris les abords, environ 5 millions de francs. »

Le cabinet d’architecture CHAMUSSY, BISSUEL et LAMBERT, de Lyon, prend le parti « d’organiser le bâtiment neuf dans la continuité architecturale de l’édifice préexistant et de conserver le parc et la terrasse » en choisissant «d’éloigner la circulation et aménager un espace pour les piétons en maintenant des stationnements».

Dans leur esquisse, les maîtres d’œuvre soulignent que «l’architecture d’une mairie, pour une agglomération de cette importance, doit présenter un caractère qui ne puisse permettre de la confondre avec aucune autre construction, scolaire ou culturelle.

Dans cet esprit, nous avons conservé un beffroi, caractère de bien des architectures municipales (mairies de Lyon, Villeurbanne…)… Nous avons aussi voulu allier des éléments d’architecture traditionnelle (pierres dorées, tuiles romaines), à d’autres résolument modernes et fonctionnels, mariage de la vieille cité médiévale avec L’Arbresle de demain. »

 

Les travaux s’échelonnent de mars 1985 (pose de la première pierre le 27 avril) à septembre 1987. Une partie des anciens bâtiments (salle des fêtes, bains douches, WC..) est détruite ; le cuvier est conservé ainsi que la portion la plus intéressante de l’ancienne maison bourgeoise. La reconstruction s’opère selon les principes énoncés plus haut.  L’ensemble est inauguré le 3 octobre 1987 par Charles BERAUDIER, et Pierre PIGNARD, alors maire, en présence de Joseph CHARVET, maire honoraire.

Enfin, une rénovation complète de l’espace d’accueil et des bureaux du personnel communal a été réalisée en début de mandat par la nouvelle équipe municipale élue en 2001.

 

Bernard ROSTAING-TAYARD

 

Sources :

Cartes postales collection Gilbert SILVESTRE. Photos collection Daniel BROUTIER.
Registre des délibérations du Conseil municipal de L’Arbresle – Bulletins municipaux
Les Mairies du Rhône, Pré-inventaire des Monuments et richesses artistiques du Rhône, 1991
 
(A suivre dans un prochain Arborosa : LES ABORDS DE LA MAIRIE ET LE PARC MUNICIPAL)

 

 

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