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La saga Mangini – III – LE DOMAINE DE LA PEROLLIERE

Résumé

Un peu d’histoire 

Le domaine de La Pérollière est très ancien ; il fut un fief de l’Abbaye voisine de Savigny, aujourd’hui disparue

il est déjà cité dans un acte notarié date de 1711 ; plusieurs de ses propriétaires successifs sont liés à l’exploitation des ancienne mines dites de Sain-Bel.

Le domaine était autrefois situé sur la seule paroisse de Saint-Pierre La Palud. Une partie côté stade est située sur la commune de Sain-Bel depuis l855, date de l’extension de celle-ci, au détriment de la commune de Saint-Pierre La Palud.

Lazare Mangini par ses travaux d’entrepreneur achète plusieurs propriétés dans la région, dont le domaine de La Pérollière.

Après la disparition de Lazare, Félix se voit attribuer le domaine de la Pérollière où il démolit l’ancienne demeure et fait construire la "villa" actuelle conçue par l’architecte Gaspard André. 

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Les bâtiments de ferme, de la même facture architecturale que la maison principale

Il fait appel au talentueux architecte lyonnais Gaspard André qui a réalisé entre autres à Lyon le théâtre des Célestins et la fontaine de la Place de Jacobins. Gaspard André fait raser l’ancienne demeure bourgeoise et construire d’abord la ferme en l885, puis le château, achevé en l889. Mangini préfère l’appeler sa ‘’villa’’, dont le style florentin a été influencé par un précédent séjour de l’architecte en Italie. Mangini en fait la résidence d’été de sa famille, il y reçoit ses amis.

En l942, les héritiers de Félix MANGINI ont vendu le domaine de La Pérollière à la Compagnie du Gaz de Lyon, pour y organiser un centre de formation de la jeunesse, sous les auspices de SPDE (Syndicat des Producteurs et Distributeurs de Gaz et d’Electricité du Sud-Est). Depuis l946, année de nationalisation, c’est EDF-GDF qui a assuré, sous plusieurs appellations successives, la formation d’élèves, ses futurs agents, puis leur perfectionnement dans le cadre de la formation continue pour adultes. 

Description du domaine 

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Le petit pavillon octogonal

À la ferme, on remarque les écussons gravés : F.M. 85 (Félix Mangini, l885 année de la construction) Sur l’esplanade ombragée, le petit pavillon octogonal en pierres dorées abritait une volière sur vérin hydraulique. En contrebas du château, la pièce d’eau, après avoir été transformée en piscine pour les élèves, est devenue parking. Il ne subsiste que la grotte artificielle.

Le bâtiment du château comprend deux ailes perpendiculaires ouvrant sur une terrasse d’automne. Les encadrements et sculptures en pierre dorée proviennent des anciennes carrières de Glay à Saint-Germain-sur-l’Arbresle. L’occupation des locaux était la suivante :

– Sous-sol: cuisine, laverie, calorifère, repassage, domestiques
– Rez-de-chaussée : bibliothèque et salon de travail, salle de billard dans une aile, salle à manger, galerie, petit et grand salons, autre aile. 

– Organisation intérieure   

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Le grand escalier   

– ler  étage : chambres de Monsieur, Madame,
– 2eme étage : chambre des bonnes et chapelle
– 3eme étage : atelier de peinture

La décoration à l’extérieur 

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Des décorations évoquant la profession : La roue ailée qui figure sur huit frontons extérieurs symbolise le chemin de fer qui « donne des ailes ».

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À l’extérieur du château, des décorations évoquant la famille : à l’angle nord-est du château, un écusson avec les lettres M et S entrelacées symbolise la double union des familles

Mangini et Seguin. Les dates l786-l875 sont celles de la naissance et du décès de Marc Seguin. Les dates l802-l869 sont celles de la naissance et du décès de  Lazare Mangini.

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La citation en bas de l’écusson,

‘’VIA BREVIOR  EXTENSA VITA’’ (En abrégeant la route, on allonge la vie)  glorifie le chemin de fer, cher aux deux familles.

À l’entrée du petit salon, sur la terrasse d’automne, on lit cette inscription : «PLM NOBlS HOEC OTIA FECIT» (le PLM nous donna cette tranquillité, ou ce lieu de loisirs). Dans cette citation de Virgile, Gaspard André – qui ne manquait pas d’humour – a tout simplement attribue au PLM, le rôle de Dieu ! Les bustes placés autrefois dans les cinq œils-de-bœuf représentaient les enfants de Félix Mangini. Us étaient dédiés aux déesses ou divinités Pomona, Flora, Cerealis, Vertuminus et Bacchus.

La décoration est inspirée par la renaissance italienne ; elle évoque la vie champêtre ; certains détails rappellent la profession et la famille de Félix Mangini. D’autres décorations évoquant la collaboration avec l’architecte : Sous une fenêtre du petit salon, on lit dans un cartouche agrémenté d’un compas et d’une truelle : GD ANDRE DELINEAVIT,FX MANGINI STRUXIT – (Gaspard André a dessiné, Félix Mangini a construit).

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Des décorations évoquant la vie champêtre : sur les quatre façades, les quatre signes du zodiaque, surmontés d’une tête de bélier, évoquent la marche des saisons :

Le printemps : signe du taureau, oisillons dans un nid
L’été : signe du lion, lézard au soleil
L’automne : signe du scorpion, grive picorant les raisins
L’hiver : signe du verseau, souris grignotant les réserves
Vers l’entrée du cellier: une tête sculptée de Bacchus.

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À l’entrée principale, deux cariatides ; l’une a les bras chargés d’une gerbe d’épis, l’autre a les bras chargés de grappes de raisins.

Décor gravé, en partie supérieure, avec les produits du potager (choux).

Avant d’entrer, remarquez la lettre M (Mangini.) qui orne la ferrure de la porte d’entrée et l’inscription conviviale gravée dans le marbre au dessus de la porte : «PORTA PATENS ESTO NULLl CLAUDATUR HONESTO» (Sois une porte ouverte, ne sois fermée à nul honnête homme). Sur la façade est, deux bustes féminins, à la poitrine plantureuse, agrémentent la loggia entre les chambres de Madame et Monsieur.

L’intérieur du château

Hall : – Têtes de bélier – – Tête de bœuf ornée de grappes de raisins – Deux vitraux de Lucien Begule, célèbre maître verrier lyonnais – 

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Roue ailée avec l’inscription « BREVIS EST VIA » la voie est courte ou le trajet dure peu), variante de l’inscription qui figure sur certains cadrans solaires : « BREVIS EST VTTA » (la vie est  courte).

Rez-de-chaussée :

1ère aile :

– Plafond du couloir peint par le décorateur lyonnais Louis Bardey scène de la vie animale à la campagne et allégories des arts). – Plafond de la salle de billard également décoré par BARDEY – inscription « L.BARDEY PINXIT » (côté cheminée): scène champêtre, jeux et loisirs,  oiseaux familiers, dragons –  Bibliothèque et salon de travail: boiseries et cheminées sculptées en chêne clair d’Autriche.

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2ème aile :

Galerie côté nord : elle a été cloisonnée. Elle permettait l’accès à la salle à manger et aux salons. Présence de consoles en chêne (béliers) – Salle à manger : le plafond a été abaissé et une cloison mise en place pour délimiter un couloir. Ce qui explique qu’une partie des peintures signées S.A. Toudouze se trouve maintenant dans le couloir. Il y avait sur la cheminée le buste de Marc Seguin – Au fond du couloir, les anciens salons ont été cloisonnés en bureaux.

Escaliers :

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Dans le vestiaire des domestiques, il y a un très bel escalier hélicoïdal qui dessert le sous-sol et une pièce à l’étage.

Un escalier de service dessert les premier et deuxième étages, prolongé par l’escalier qui accède au troisième étage.

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Dans la chapelle, des personnages peints ressemblent curieusement aux occupants de la maison !

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Vue générale

Gaspard André (l840-l896)

Né le l6 mars l840, rue Juiverie dans le vieux Lyon, Gaspard André suivit des études aux Beaux-Arts de Lyon sous la direction, entre autres, d’Antoine-Marie Chenavard, avant de se rendre à Paris dans l’atelier privé de Charles-Auguste Questel puis aux Beaux-Arts. Après un séjour en Italie, l’architecte s’installa à Lyon en l87l. Ses oeuvres majeures à Lyon ou dans les environs sont l’église provisoire de Saint-Joseph (l872), le temple protestant quai de la Guillotière (l872-l884), le Théâtre des Célestins (l873-l877 puis l880-l88l), la fontaine des Jacobins (l877-l886), l’église pour la paroisse Saint-Joseph (l878-l883). le groupe scolaire de la rue Tronchet (l880-l887). On lui doit aussi l’hôtel de ville de Neuilly-sur-Seine (l879-l880 projet pour lequel il obtint le premier prix mais dont il ne put suivre la construction à cause du second chantier des Célestins), l’université ou Athénée de Lausanne (l889-l890) etc. Il est également l’auteur de monuments funéraires et de nombreuses villas.

En l87l-l872, Gaspard André obtint le deuxième prix au concours pour la construction du Théâtre de Genève et, en l893, le quatrième prix pour celui de la reconstruction de l’Opéra-Comique de Paris. Il mourut le l2 février l896 à Cannes âgé de seulement 56 ans.

Oeuvres lyonnaises principales :

– La fontaine  des Jacobins à Lyon inaugurée en l886.
– Le grand temple de Lyon inauguré le ler mai l884.
– Le groupe scolaire de la rue Tronchet à Lyon inauguré en l887.
– Le théâtre des Célestins à Lyon inauguré le ler août l877.
 

Bibliographie :

– Archives municipales de Lyon.- Gaspard André l840-l896 architecte lyonnais.- Lyon : Archives municipales de Lyon, l996.- ISBN 2-908949-l2-l (BML B 47l69)

 – Le grand temple de Lyon, oeuvre de Gaspard André et son orgue [oeuvre de] Michel-Merklin & Kuhn.- Lyon : Eglise réformée de Lyon : Orgue et Musique au Grand Temple : Association de sauvegarde du Grand Temple, l998.- 32 p. ; 2l cm. (BML K ll5687)

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