La saga Mangini
Résumé
Lorsque l’on évoque des patrimoines de la région : La Pérollière, le Château des Halles…, lorsque l’on évoque des événements, comme l’arrivée du chemin de fer, lorsque l’on évoque des élus qui ont représenté l’ouest lyonnais, un nom revient toujours ; les Mangini !
Et si l’on ajoute des noms comme Seguin, Bérard, Gensoul, Gallavardin…, tous des proches des Mangini, on comprendra que nous nous devions d’en parler. Une façon aussi pour nous de rendre hommage à l’homme qui a tant fait pour qu’ils ne soient pas oubliés : Maurice Berthault.
I – LA FAMILLE MANGINI
Lazare Mangini -1802 – 1869
Lazare Mangini est né à Torriglia, duché de Gênes, en 1802, d’un père chaudronnier fondeur. Emigré en France, il apparaît dans la région vers 1829. En 1832, Lazare épouse une orpheline lyonnaise, Louise Rolland 1814-1887. qui lui donne quatre enfants : deux garçons, Lucien et Félix qui épousera Paula Seguin, 17ème enfant de Marc Seguin (qui en avait eu 19 au cours de ses deux mariages successifs), et deux filles, Marie et Félicie qui épousera Augustin le 14ème enfant de Marc Seguin. De la collaboration professionnelle entre Lazare Mangini et Marc Seguin naissait ainsi un lien familial entre les deux familles.Lazare Mangini est naturalisé Français en 1847. Il a fait la connaissance de Marc Seguin, petit-neveu des frères Montgolfier. Après les ponts suspendus et la navigation à vapeur, Marc Seguin s’intéresse aux chemins de fer et a installé ses ateliers dans le quartier Perrache.
Deux grands entrepreneursLazare Mangini se révèle vite un grand entrepreneur de travaux publics et participe à la construction de la ligne de Lyon à Saint-Etienne inaugurée en 1832, Il contribua également, avec Marc Seguin, à la mise en place du Chemin de fer Paris-Versailles par la Rive Gauche ou encore le chemin de fer Marseille-Nice.Ils ont participé, ensemble, à de très nombreux chantier. Citons-en quelques uns :
Construction du pont de la Mulatière- le chemin de fer de St Etienne à Lyon – 1825 et les ouvrages connexes indispensables :
- le tunnel de la Mulatière à Lyon – 1831 ;
- le tunnel de Terre-Noire (St-Etienne) – 1832 ;
- le tunnel de Couzon (Rive-de-Gier) – 1830.
Percement du tunnel de la Mulatière
Le percement du tunnel de la Mulatière était une des conditions pour faire rentrer le chemin de fer Saint-Etienne Lyon dans la ville de Lyon. D’une longueur de 400 mètres environ il fut l’un des trois grands tunnels percés par les deux amis pour mettre en place la ligne de chemin de fer. L’ouvrage est en alignement avec le nouveau pont de la Mulatière construit aussi pour cette même ligne, et sur lequel il débouche.
On peut citer encore la gare d’eau de Perrache, la première gare ferroviaire de Perrache, le pont d’Izieux, le pont d’Ouzion, …
Lazare Mangini se consacre ensuite, d’une part à des activités minières, extracteur de houille à Sainte-Foy-l’Argentière puis en Saône-et-Loire dans les mines de Longpendu, d’autre part à des activités ferroviaires, ligne de Toulon à Nice, percement à Lyon du tunnel Saint-Irénée.
Présentons maintenant les deux fils de Lazare : Lucien et Félix :
À sa mort, il laisse à ses enfants une importante fortune et ceux-ci vont s’attacher à perpétuer l’œuvre de leur père notamment Lucien et Felix qui prennent la tête de la Compagnie des Dombes et des Chemins de fer du Sud-Est qui plus que d’équiper la région en lignes de chemin de fer telles que Sathonay-Bourg en Bresse, Lyon-Bourg en Bresse, Chalon-Bourg en Bresse-Nantua,… vont s’investir dans l’assèchement des étangs des Dombes. Parallèlement ils s’associent avec Augustin Seguin dans la Société Anonyme des Chantiers de la Buire pour fabriquer une partie du matériel roulant nécessaire, mais qui travaille aussi pour la compagnie PLM. En 1867, cette entreprise emploie 1650 personnes !
Lazare et ses enfants furent de formidables entrepreneurs qui prendront une part croissante dans le développement de l’industrie lyonnaise.
Louis dit Lucien – 1833 – 1900
Il épousa en 1861 Anne-Julie Gensoul (1843-1917) dont le père Joseph Gensoul (1797-1858) a marqué son temps. Ils vivaient fréquemment dans les Monts du Lyonnais. À Meys, la place Mangini, la cure, un vitrail, l’ancienne école de garçons, les fermes Mangini…, autant de souvenirs laissés par cet homme remarquable, riche et généreux. Mais qui était-il?
Après avoir été élève au Séminaire de l’Argentière, Lucien prendra avec son frère Félix, ingénieur également, la suite des affaires paternelles.
Lucien Mangini ne fut pas seulement un ingénieur entreprenant. Il fut également un homme politique, très représentatif des républicains de cette fin de siècle. Il sera élu conseiller général du canton de Saint-Symphorien sur Coise de 1866 à 1877, député en 1870, puis sénateur de 1876 à 1882, enfin maire des Halles de 1863 à sa mort, le 27 août 1900. Il interviendra souvent dans les ministères, pour faire avancer les affaires de la commune.
Lucien Mangini, meurt en son château des Halles le 27 août 1900. Il est âgé de 67 ans. La population des Halles est sous le choc ; certes, il était souvent absent du Conseil Municipal mais il s’était montré si généreux envers sa commune ; la population offre à sa famille une concession au cimetière des Halles, mais Lucien avait manifesté le désir de reposer au cimetière voisin de Saint-Genis-l’Argentière près de ses parents, sa sœur Félicie et ses quatre enfants déjà décédés.
Les enfants
Henri ManginiAnne Julie Gensoul, donna naissance à cinq enfants dont trois moururent jeunes. Les deux survivants eurent un destin tragique. Louis-Henri n’eut pas de descendance. En 1894, Lucien Mangini avait voulu calmer la turbulence de ce dernier fils en l’intégrant dans une mission scientifique qu’il finançait pour le compte du Ministère de l’Instruction Publique, celle de l’explorateur Jean Chaffanjon,
En 1894, Jean Chaffanjon, Louis Gay et Henri Mangini quittent la France. Pendant deux années, avec une pause hivernale de quelques mois à Irkouskt, ils vont explorer L’Asie Centrale et Septentrionale dont la Mongolie encore sous domination chinoise…
Les résultats scientifiques de cette exploration sont une véritable moisson géographique, archéologique, anthropologique, ethnographique, zoologique, botanique, géologique. De nouvelles routes, inconnues en Europe seront reconnues. Un herbier de 10.000 échantillons a été réalisé par Louis Gay.
Henri Mangini, chargé de la zoologie, ramène, entre autres, les premiers crânes de ces chevaux sauvages que le colonel Przewalski vient de redécouvrir en 1881 alors que tous les zoologistes les croyaient éteint depuis la Préhistoire. Une multitude de caisses, dont certaines contiennent des animaux vivants, est débarquée à Marseille. Louis et Henri restent dans cette ville pour surveiller le bon déroulement des opérations.
Louis Gay (1870 – 1943), botaniste, photographe… Né dans la Drôme, ce fils de paysan va grandir au château des Halles, propriété de la famille Mangini où sa mère est femme de chambre. Ami d’enfance d’Henri Mangini – cette amitié ne se rompra jamais – le jeune Louis, aidé par la famille Mangini, étudie à l’école d’Horticulture de Versailles pour devenir architecte paysagiste.
Après son exploration en Asie, il retourne avec Henri Mangini à Vladivostok où ils fondent un comptoir commercial.
Henri repartit ensuite, avec son ami, établir un comptoir commercial à Blagoveschensk (Sibérie) où leurs affaires ne marchèrent pas très bien. L’aventure sibérienne prend fin en 1902 suite au décès accidentel d’Henri son ami de toujours ; c’est lors d’un retour en France qu’il se tua au volant de sa première voiture, près d’Angers, le 27 février 1901. Trois semaines avant, il avait par testament délivré plusieurs legs particuliers dont un de 50 000 francs au Bureau d’aide sociale de la commune des Halles et institué pour légataires universels de sa part d’héritage ses deux neveux, Paul et Henri, encore mineurs. Louis devenu vigneron, finira sa vie à Fresnes sur Loire où il est enterré.
Seuls les enfants de Lazare perpétuèrent la lignée : Louis, dit Lucien et Félix. En 1894, Lazare, ancien élève de l’école Polytechnique, officier du génie maritime, décède accidentellement à Rochefort à la suite de l’explosion d’une machine lors des essais d’un torpilleur. Deux contre-torpilleurs baptisés Mangini honoreront sa mémoire.
Le contre-torpilleur "Mangini"C’est sans doute l’ancien Mangini (1896-1910) qui figure dans la description de la Station navale de la Manche qui comprend pour la mer du Nord un aviso, l’Ibis, et deux anciens chalutiers, Estafette et Sentinelle, et le torpilleur Mangini, pour la Manche. donnée par l’Association Fécamp Terre-Neuve. Construit au "Petit-Creusot", à Chalon-sur-Saône par la société Schneider. Premier contre-torpilleur dans la construction duquel l’aluminium a été utilisé massivement.
Lucien, un homme riche et généreux (1933 – 1900)
Ayant hérité de son père plusieurs domaines à Meys, il y fit de nombreuses acquisitions. Il tentera sans succès, de nouvelles recherches de houille, à la Bégatière, où il installa une machine à vapeur et une forge en 1872. La cheminée fut détruite vers 1885, mais le puits existe encore.
À la tête d’une fortune immense (château aux Halles, achevé 1882, château à Cannes, propriété en Loire-Atlantique…), il fera bénéficier Meys de sa générosité : cession de terrain pour agrandir la place en 1878, don du bâtiment pour l’école de garçons (cantine actuelle), en 1884, don d’un bâtiment en construction pour servir de presbytère en 1893 ; multiples dons pour aménager et réparer l’église, sous la houlette de l’Abbé Goutard. Le nom de Mangini demeure familier chez les Meyzards et son évocation, est empreinte de respect et de reconnaissance. Comme on le verra plus loin, son épouse, devenue veuve, légua la belle propriété des Halles (90 hectares) aux Hospices civils de Lyon.
Félix (1836 – 1902)
Félix Mangini a été dans toute la force du terme un homme de bien. C’était une grande et originale figure d’homme de travail et d’homme bienfaisant. Soit dans sa profession, soit dans la poursuite de l’intérêt général, il a su sortir des sentiers battus et marquer tout ce qu’il a fait d’une forte et particulière empreinte.
Après s’être préparé à la carrière qu’il devait embrasser par de sérieuses études scientifiques, achevées à l’École des Mines de Paris, où il entra en 1858 et dont il sortit en 1861, après avoir acquis le titre d’ingénieur civil, Félix Mangini s’associa à son père et à son frère Lucien, d’abord dans des exploitations de houillères, ensuite dans leur œuvre principale de constructeurs de chemins de fer. Là, Félix Mangini recueillait les enseignements et les traditions de Marc Séguin, l’homme de génie qui a été le créateur des chemins de fer en France, et dont il avait épousé la fille. Mais son frère, homme si remarquable et lui-même venaient y ajouter leurs idées et le fruit de leurs observations personnelles.
Toute leur méthode pouvait se résumer en ces mots : établir à moindres frais les chemins de fer, mettre plus de liberté et de pratique commerciale dans la direction et l’exploitation, faire de la décentralisation en matière de transports par voie ferrée. Telle a été l’œuvre magistrale et bienfaisante accomplie par Lucien et Félix Mangini dans la Compagnie des Dombes et du Sud-Est dont les deux frères, en un exemple unique, furent à la fois les ingénieurs, les constructeurs et les administrateurs.
Après la fusion de la Compagnie des Dombes avec la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, Félix Mangini se retira plus tôt qu’il ne l’eût voulu d’une profession qu’il aimait et dans laquelle il eût souhaité appliquer plus largement des idées fécondes. Cependant il avait déjà travaillé près de trente ans et arrivait à l’âge où d’autres n’auraient aspiré qu’au repos avec une fortune si dignement acquise. Une vie nouvelle au contraire s’ouvrait devant lui pour obéir à son idée maîtresse qui était d’aider ceux qui vivent de leur salaire en leur donnant les moyens d’être prévoyants. Ayant achevé de travailler pour lui-même, il a voulu consacrer aux autres, c’est-à-dire au bien sous toutes ses formes, les longues années qu’il lui restait encore à vivre.
Félix Mangini était partout et devait posséder parmi ses multiples talents, celui de bien gérer son temps. Il était :
- – Membre de la Chambre de Commerce de Lyon
- – Administrateur des Hospices Civils de Lyon
- – Président de la Caisse d’Epargne de Lyon
- – Président de la Société des Amis de l’Université de Lyon
- – Conseiller général du Rhône pour le Canton de Saint Laurent de Chamousset (1867-1871)
- – Maire de la commune de Saint-Pierre-la-Palud pendant 38 ans (1864-1902)
Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Saint-Pierre-la-Palud. Un monument, inauguré en 1907 par son ami Émile Loubet, ancien Président de la République, rappelle sa mémoire dans les jardins de la Préfecture à Lyon. Il épousa une fille de Marc Seguin, Paula.
Parmi les enfants de Félix Mangini, une de ses filles épousa le docteur Léon Bérard et celui-ci fit construire en 1903, près de La Pérollière, une villa appelée « Chalet Félix »; c’était la résidence d’été de la famille.
Deux filles de Félix Mangini vont épouser de grands médecins : Hélène, épouse de Léon Bérard créateur en France du deuxième centre anti-cancéreux aidé par Justin Godart (1932), et Louise, épouse du cardiologue Louis Gallavardin.
Félix eut également une autre fille, Lucie, et un fils, Marc, qui succéda à son père comme maire de Saint-Pierre-la-Palud.
Un autre fils de Félix fut Lucien-Lazare, interne des hôpitaux de Lyon (1910) qui soutient en 1915 une thèse sur les « Hémorragies de l’œil par blessure de guerre ». Médecin aide-major au 147e R.I., il est tué à Douaumont le 18 avril 1916 à l’âge de 29 ans. Il laisse une veuve, médecin. Par testament, il donne une grande partie de sa fortune à des œuvres charitables. Il a reçu la Croix de guerre à titre posthume, est Chevalier de la Légion d’Honneur, et fait l’objet d’une élogieuse citation (J.O. du 27 novembre 1919) : « Est mort glorieusement à son poste de secours à 200 mètres des lignes ennemies ».
Les deux filles de Lazare Mangini
• Marie Félicie est née à Lyon née le 2 avril 1839, Lyon ; elle épousera Louis Charles Balaÿ (1828-1891) qui fut maire de la commune de Saint Genis l’Argentière, de 1865 à 1872. Marie Félicie est décédée le 15 septembre 1923 à Saint Genis-l’Argentière (à l’âge de 84 ans). Ils eurent 4 enfants :
- – Henri, né en 1860, décédé en 1925 (à l’âge de 65 ans), Marié avec Marguerite Gillet.
- – Louise, née en 1862, décédée en 1952 (à l’âge de 90 ans). Mariée avec Ferdinand Balaÿ, né le 6 août 1859, décédé en 1916 (à l’âge de 57 ans).
- – Marie Louise. Mariée le 4 octobre 1893, St-Genis-L’Argentière (69), avec Louis Chatin, né le 24 octobre 1866 à Lyon. décédé le 15 décembre 1947 à Saint Chamond (à l’âge de 81 ans).
- – Lazare. marié avec Hélène Champalle.
• Félicie Marie Célestine, née le 27 septembre 1843, décédée le 28 février 1872 (à l’âge de 28 ans). Mariée avec Augustin Seguin, né le 28 août 1841 à Marmagne (21), décédé le 18 août 1904 à Annonay (à l’âge de 62 ans) ; ils eurent quatre enfants dont :
– Louis, né le 7 février 1869, St-Pierre-la-Palud (69), décédé le 7 janvier 1918, Paris VIII° (75) (a l’âge de 48 ans), fondateur de Gnome et Rhône, nationalisée ensuite sous le nom de SNECMA (maintenant SAFRAN). Marié le 26 octobre 1897 à Lyon VI°, avec Bénédicte Franc, née le 6 janvier 1874, St-Rambert-en-Bugey, décédée le 2 octobre 1942 à Ville-d’Avray (92) (à l’âge de 68 ans).
– Paul Félix, né le 22 avril 1870 à Lyon décédé le 26 mars 1898 à Lyon (à l’âge de 27 ans). marié le19 avril 1896 à Rome (Italie), avec Laure Tonetti, née le 23 juillet 1872 à Rome , décédée le 13 avril 1897 à Rome (à l’âge de 24 ans).
Augustin Seguin, veuf deux fois, contracta deux autres mariages et eut six enfants supplémentaires.
Lazare Mangini et ses fils, parmi leurs multiples activités industrielles, s’intéressèrent plus particulièrement au chemin de fer. Le territoire français, en cette fin du XIXe siècle, était progressivement maillé de nouvelles lignes. Dans ce sujet nous allons donc traiter des activités ferroviaires de la famille Mangini.
II – LA COMPAGNIE DES DOMBES
L’activité professionnelle de la famille Mangini se situe dans le prolongement de celle de Marc Seguin ; d’abord associés avec leur père au sein de la société "Lazare Mangini et fils", ils créent après le décès de celui-ci en 1869, la " Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est " avec laquelle ils vont réaliser dans le Rhône et les départements voisins un réseau secondaire régional de chemins de fer de 428 km, dont la ligne de Lyon-Saint-Paul à Montbrison.
Ils prennent le contrôle des "Chantiers de la Buire" à Lyon, spécialisés dans la fabrication de matériels ferroviaires. Ils fusionneront ensuite la Compagnie de la Dombes et les Chantiers de la Buire pour créer en 1869 la "Compagnie des Dombes et Chemin de Fer du Sud Est".
La cession de ce réseau à la compagnie PLM (Paris à Lyon et à la Méditerranée) leur apportera en 1884, sous forme d’obligations, un revenu substantiel auquel viendra s’ajouter à la même époque la liquidation de la succession paternelle.
Fondée en 1863, la Compagnie des Dombes obtient la concession d’une ligne Sathonay-Bourg en Bresse, qu’elle ouvre en Septembre 1866. L’objectif était non seulement de desservir cette région, mais aussi de l’assainir.
Mais en 1865, devant le refus des grandes compagnies d’ouvrir des lignes qu’elles jugeaient insuffisamment rentables, une nouvelle loi définit le statut des lignes dites d’intérêt local, financées par les conseils généraux des départements et les communes concernées.
C’est ainsi qu’en 1866, la Compagnie, renommée Compagnie des Dombes et des Chemins de Fer du Sud Est (DSE), devient concessionnaire d’une ligne devant relier Bourg en Bresse à la Cluse. Au fil des années, la compagnie construira un réseau constituant un maillage entre les lignes du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée): Paray le Monial-Macon ouverte en 1870, puis Chalon sur Saône-Lons le Saunier en 1871, Ambérieu-Montalieu en 1875, Lyon-Montbrison en 1876, Bourg-La Cluse en 1877, Bourg-St Germain du Plain (raccordement sur ligne Chalon-Lons) en 1878, La Cluse-Bellegarde sur Valserine, prolongement de la ligne venant de Bourg en 1882, puis Sathonay-Trévoux également la même année. Il était aussi prévu une ligne partant de la Cluse et devant rejoindre Saint Claude dans le Jura.
Toutes ces lignes ayant été construites avec un souci d’économie, la Cie DSE se porte plutôt bien, (ce qui n’est pas le cas de tout les réseaux de lignes secondaires), et devient un concurrent pour la puissante compagnie du PLM. Celle-ci impose d’ailleurs ses conditions à la Compagnie des Dombes pour l’implantation des gares communes avec son réseau, et faisait souvent traîner en longueur, ce qui avait fait dire que les initiales PLM signifiaient Prudence, Lenteur et Modération !
Mais à partir de 1878, la loi Freycinet, du nom du ministre des transports du moment, prévoit de reclasser les lignes d’intérêt local à écartement normal dans le réseau général pour permettre leurs rachats par l’état, et les faire exploiter par les grandes compagnies. M Mangini, alors en position de force refuse d’abord l’offre du PLM. Mais craignant d’être racheté par l’état à des conditions désavantageuses, un rapprochement s’effectue avec le PLM. Un contrat est signé en Juillet 1881. Le prolongement La Cluse-Bellegarde est ouvert le 1er avril 1882, classé en intérêt général par la loi Freycinet. Le traité de vente définitif est approuvé en Mai 1883, et mit en application au 1er Janvier 1884, date à laquelle les lignes DSE sont reclassées d’intérêt général et exploitées par le PLM.
La ligne Lyon-Montbrison
La gare de la GiraudièreÀ partir de 1866, ils ouvrent leur première ligne Sathonay-Bourg ; ils vont ainsi réaliser 9 lignes régionales, totalisant 428 km.
Bien sûr, c’est surtout la ligne Lyon-Montbrison qui nous intéresse.
La gare des Dombes à l’ArbresleElle faisait partie d’un projet ambitieux Lyon-Bordeaux, de 1863, qui ne fut jamais réalisé. D’abord confié aux frères Mangini, le projet Lyon-Montbrison, de 21 millions de francs, avec 12 de l’État et 2 du département, sera mis en chantier en décembre 1870.
Une telle construction posait une multitude de problèmes qu’il fallait régler avant le début des travaux. À titre d’exemple, à Meys, en 1871, 88 parcelles seront expropriées. En 1873, lors de l’enquête sur les 15 stations de la ligne, Meys sera très satisfaite, mais Haute-Rivoire protestera, demandant, sans succès, que la gare soit placée 3 km plus bas.
Ce n’est que le 17 janvier 1876, après 6 ans de travaux gigantesques (2 viaducs, 40 ponts, 6 tunnels, 12 déviations de la Brévenne, celle de nombreux chemins…), employant 1800 ouvriers en décembre 1873, qu’un service de 19 trains est mis en place sur les 80 km de la ligne.
Le trafic va s’intensifier dans la vallée : charbon de Sainte-Foy, chaux de l’Arbresle, produits fermiers ou artisanaux et voyageurs, bien entendu. De nombreux charrois faisaient l’aller-retour du bourg à la gare, sans compter les convois de bétail. Mais dès 1881, l’exploitation fut cédée au PLM qui acheta tout le réseau en janvier 1884, pour 16 millions de francs.
Si la population appréciait ce nouveau mode de transport, certains riverains furent récalcitrants ou imprudents ; ainsi, un sieur Thollet fut condamné à trois reprises pour bris de clôture et introduction d’un cheval et de vaches sur la voie.
C’est le 31 octobre 1938, année de la création de la SNCF, que le train de voyageurs de 20 h 30 fut le dernier. Mais un jour de 1989, un petit train reprit son souffle, crachant et sifflant de l’Arbresle à Sainte-Foy, les dimanches d’été, pour amener les citadins dans les fêtes de village; on le baptisa Train de l’évasion.
Voici en quelques lignes, un résumé de l’histoire de la Compagnie des Dombes et du Sud Est, dont le nom, s’il n’a pas marqué beaucoup l’histoire, a laissé cependant quelques traces. Ainsi, à Chalon sur Saône, le pont du chemin de fer qui traverse la Saône s’appelle le pont des Dombes. À Lons le Saunier, la gare marchandise a gardé le surnom de la gare des Dombes. Et près de 130 ans après leurs constructions, les bâtiments à l’architecture caractéristique de la Cie des Dombes, que ce soient les bâtiments voyageurs, halles marchandise ou maisonnette de passages à niveau sont toujours présents.
À l’Arbresle, nous avions aussi la gare des Dombes, qui fut démolie plus tard et céda la place à des parkings.
La vie de la ligne – Chronologie
- Le 19 juin 1868 déclaration d’utilité publique de la ligne de Lyon à Montbrison. Le 16 octobre 1869 concession de la ligne Lyon – Montbrison à MM. Lucien et Félix Mangini.
- Le 7 mai 1872 décret autorisant la substitution de la Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est à la Compagnie du chemin de fer de la Dombes (Sathonay – Bourg) et à Lucien et Félix Mangini (Lyon – Montbrison).
- Le 10 novembre 1873 ouverture de la section L’Arbresle – Sain-Bel de la ligne Lyon – Montbrison.
- Le 17 janvier 1876 ouverture de la section Sain-Bel – Montbrison de la ligne Lyon – Montbrison.
- Le 20 novembre 1883 reprise des activités de la Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Les lignes des DSE seront intégrées au réseau national.
- Le 1er janvier 1938 création effective de la SNCF. Pierre Guinand est nommé président.
- Le 30 novembre 1941 fermeture de la section Grézieux-le-Fromental – Montbrison de la ligne Lyon – Montbrison
- Le 15 janvier 1953 électrification 1500 v de la section Lyon Saint-Paul – Lyon Gorge-de-Loup de la ligne Lyon – Montbrison.
- Le 22 juin 1954 électrification 1500 v de la section Lyon Gorge-de-Loup – Charbonnières-les-Bains de la ligne Lyon – Montbrison.
- Le 12 novembre 1954 fermeture de la section Boisset – Cerizet – Grézieux-le-Fromental de la ligne Lyon – Montbrison.
- Le 13 février 1964 fermeture de la section Sainte-Foy-L’Argentière – Viricelles – Chazelles-sur-Lyon de la ligne Lyon – Montbrison.
- En 1984 mise hors tension des installations de la section Lyon Saint-Paul – Charbonnières-les-Bains
- Le 13 février 1997 loi portant création de l’établissement public Réseau ferré de France en vue du renouveau du transport ferroviaire.
- Le 15 avril 2002 décret retranchant du réseau ferré national la section de ligne de chemin de fer de la ligne de Lyon – Montbrison (Loire), comprise entre les PK 63,878 et 67,354, soit une longueur de 3,476 km. Parallèlement, fermeture du tronçon sainte Foy – L’Arbresle et réouverture du tronçon L’Arbresle-Sain Bel.
Le tracé à l’origine
- 0.0 Lyon Saint-Paul
- 1.8 Lyon Gorge-de-Loup
- 3.9 Ecully – La-Demi-Lune
- 5.7 Tassin
- 7.4 Le Meridien
- 7.8 La Ferrière
- 8.7 Charbonnières-les-Bains
- 9.5 Casino – Lacroix-Laval
- 11.2 La Tour-de-Salvagny
- 16.0 Lentilly
- 18.7 Fleurieux-sur-Arbresle
- 22.7 L’Arbresle
- 25.5 Sain-Bel
- 30.2 Bessenay
- 33.7 Courzieu – Brussieu
- 42.1 Sainte-Foy-Largentière
- 53.0 Meys
- 60.0 Bellegarde-en-Forez
- 56.0 Viricelles – Chazelles-sur-Lyon
- 63.9 Montrond-les-Bains (Montbrison – Montrond) (Roanne – Andrézieux)
- 67.3 Boisset – Cerizet
- 72.0 Grézieux-le-Fromental
- 77.9 Montbrison
Avec la ligne Lyon Perrache – Roanne et au-delà, l’Arbresle a eu ainsi pendant un certain temps le privilège d’avoir deux voies ferrées qui se côtoyaient, et deux gares.
III – LE DOMAINE DE LA PEROLLIERE
Le domaine de La Pérollière est très ancien ; il fut un fief de l’Abbaye voisine de Savigny, aujourd’hui disparue ; il est déjà cité dans un acte notarié date de 1711 ; plusieurs de ses propriétaires successifs sont liés à l’exploitation des ancienne mines dites de Sain-Bel.
Le domaine était autrefois situe sur la seule paroisse de Saint-Pierre La Palud. Une partie côté stade est située sur la commune de Sain-Bel depuis l855, date de l’extension de celle-ci, au détriment de la commune de Saint-Pierre La Palud.
Lazare Mangini par ses travaux d’entrepreneur achète plusieurs propriétés dans la région, dont le domaine de La Pérollière.
Après la disparition de Lazare, Félix se voit attribuer le domaine de la Pérollière où il démolit l’ancienne demeure et fait construire la "villa" actuelle.
Vue générale du bâtiment Les bâtiments de la ferme étaient de la même facture architecturaleIl fait appel au talentueux architecte lyonnais Gaspard André qui a réalisé, entre autres à Lyon, le théâtre des Célestins et la fontaine de la Place de Jacobins. Gaspard André fait raser l’ancienne demeure bourgeoise et construire d’abord la ferme en l885, puis le château, achevé en l889. Mangini préfère l’appeler sa ‘’villa’’, dont le style florentin a été influencé par un précédent séjour de l’architecte en Italie. Mangini en fait la résidence d’été de sa famille, il y reçoit ses amis.
En l942, les héritiers de Félix Mangini ont vendu le domaine de La Pérollière à la Compagnie du Gaz de Lyon, pour y organiser un centre de formation de la jeunesse, sous les auspices de SPDE (Syndicat des Producteurs et Distributeurs de Gaz et d’Electricité du Sud-Est). Depuis l946, année de nationalisation, c’est EDF-GDF qui a assuré, sous plusieurs appellations successives, la formation d’élèves, ses futurs agents, puis leur perfectionnement dans le cadre de la formation continue pour adultes.
Description du domaine
À la ferme, on remarque les écussons gravés : F.M. 85 (Félix Mangini, l885 année de la construction) Sur l’esplanade ombragée, le petit pavillon octogonal en pierres dorées abritait une volière sur vérin hydraulique.
Le petit pavillon octogonalEn contrebas du château, la pièce d’eau, après avoir été transformée en piscine pour les élèves, est devenue parking. Il ne subsiste que la grotte artificielle.
Le bâtiment du château comprend deux ailes perpendiculaires ouvrant sur une terrasse d’automne. Les encadrements et sculptures en pierre dorée proviennent des anciennes carrières de Glay à Saint-Germain-sur-l’Arbresle. L’occupation des locaux était la suivante :
- – Sous-sol : cuisine, laverie, calorifère, repassage, domestiques
- – Rez-de-chaussée : bibliothèque et salon de travail, salle de billard dans une aile, salle à manger, galerie, petit et grand salons, autre aile.
-
Le grand escalierOrganisation intérieure
- ler étage : chambres de Monsieur, Madame, enfants, famille et visiteurs
- 2e étage : chambre des bonnes et chapelle
- 3e étage : atelier de peinture
La décoration à l’extérieur :
Des décorations évoquant la profession : La roue ailée qui figure sur huit frontons extérieurs symbolise le chemin de fer qui « donne des ailes ».
À l’extérieur du château, des décorations évoquant la famille : à l’angle nord-est du château, un écusson avec les lettres M et S entrelacées symbolise la double union des familles Mangini et Seguin. Les dates l786-l875 sont celles de la naissance et du décès de Marc Seguin. Les dates l802-l869 sont celles de la naissance et du décès de Lazare Mangini.
- La citation en bas de l’écusson, ‘’VIA BREVIOR EXTENSA VITA’’ (en abrégeant la route, on allonge la vie) glorifie le chemin de fer, cher aux deux familles.
- À l’entrée du petit salon, sur la terrasse d’automne, on lit cette inscription : « PLM NOBlS HOEC OTIA FECIT » (le PLM nous donna cette tranquillité, ou ce lieu de loisirs). Dans cette citation de Virgile, Gaspard André – qui ne manquait pas d’humour – a tout simplement attribue au PLM, le rôle de Dieu ! Les bustes placés autrefois dans les cinq œil-de-bœuf représentaient les enfants de Félix Mangini. Ils étaient dédiés aux déesses ou divinités Pomona, Flora, Cerealis, Vertuminus et Bacchus.
- La décoration est inspirée par la renaissance italienne ; elle évoque la vie champêtre ; certains détails rappellent la profession et la famille de Félix Mangini. D’autres décorations évoquant la collaboration avec l’architecte : sous une fenêtre du petit salon, on lit dans un cartouche agrémenté d’un compas et d’une truelle : GD ANDRE DELINEAVIT,FX MANGINI STRUXIT – (Gaspard André a dessiné, Félix Mangini a construit).
- Des décorations évoquant la vie champêtre : sur les quatre façades, les quatre signes du zodiaque, surmontés d’une tête de bélier, évoquent la marche des saisons :
- Le printemps : signe du taureau, oisillons dans un nid
- L’été : signe du lion, lézard au soleil
- L’automne : signe du scorpion, grive picorant les raisins
- L’hiver : signe du verseau, souris grignotant les réserves
- Vers l’entrée du cellier: une tête sculptée de Bacchus.
À l’entrée principale, deux cariatides ; l’une a les bras chargés d’une gerbe d’épis, l’autre a les bras chargés de grappes de raisins. Décor gravé, en partie supérieure, avec les produits du potager (choux).
Avant d’entrer, on remarque la lettre M (Mangini.) qui orne la ferrure de la porte d’entrée et l’inscription conviviale gravée dans le marbre au dessus de la porte : « PORTA PATENS ESTO NULLl CLAUDATUR HONESTO » (Sois une porte ouverte, ne sois fermée à nul honnête homme).
Sur la façade est, deux bustes féminins, à la poitrine plantureuse, agrémentent la loggia entre les chambres de Madame et Monsieur.
L’intérieur du château
Hall : – Têtes de bélier -Tête de bœuf ornée de grappes de raisins – Deux vitraux de Lucien Begule, célèbre maître verrier lyonnais – Roue ailée avec l’inscription « BREVIS EST VIA » la voie est courte ou le trajet dure peu), variante de l’inscription qui figure sur certains cadrans solaires : « BREVIS EST VTTA » (la vie est courte).
Rez-de-chaussée :
1e aile :
– Plafond du couloir peint par le décorateur lyonnais Louis Bardey scène de la vie animale à la campagne et allégories des arts). – Plafond de la salle de billard également décoré par BARDEY – inscription « L.BARDEY PINXIT » (côté cheminée): scène champêtre, jeux et loisirs, oiseaux familiers, dragons – Bibliothèque et salon de travail: boiseries et cheminées sculptées en chêne clair d’Autriche.
2e aile :
– Galerie côté nord : elle a été cloisonnée. Elle permettait l’accès à la salle à manger et aux salons. Présence de consoles en chêne (béliers) – Salle à manger : le plafond a été abaissé et une cloison mise en place pour délimiter un couloir. Ce qui explique qu’une partie des peintures signées S.A. Toudouze se trouvent maintenant dans le couloir. Il y avait sur la cheminée le buste de Marc Seguin – Au fond du couloir, les anciens salons ont été cloisonnés en bureaux.
Escaliers :
Dans le vestiaire des domestiques, il y a un très bel escalier hélicoïdal qui dessert le sous-sol et une pièce à l’étage.
Un escalier de service dessert les premier et deuxième étages, prolongé par l’escalier qui accède au troisième étage.
Dans la chapelle, des personnages peints ressemblent curieusement aux occupants de la maison !
Gaspard André (l840-l896)
Né le l6 mars l840, rue Juiverie dans le vieux Lyon, Gaspard André suivit des études aux Beaux-Arts de Lyon sous la direction, entre autres, d’Antoine-Marie Chenavard, avant de se rendre à Paris dans l’atelier privé de Charles-Auguste Questel puis aux Beaux-Arts. Après un séjour en Italie, l’architecte s’installa à Lyon en l87l. Ses oeuvres majeures à Lyon ou dans les environs sont l’église provisoire de Saint-Joseph (l872), le temple protestant quai de la Guillotière (l872-l884), le Théâtre des Célestins (l873-l877 puis l880-l88l), la fontaine des Jacobins (l877-l886), l’église pour la paroisse Saint-Joseph (l878-l883). le groupe scolaire de la rue Tronchet (l880-l887). On lui doit aussi l’hôtel de ville de Neuilly-sur-Seine (l879-l880 projet pour lequel il obtint le premier prix mais dont il ne put suivre la construction à cause du second chantier des Célestins), l’université ou Athénée de Lausanne (l889-l890) etc. Il est également l’auteur de monuments funéraires et de nombreuses villas.
En l87l-l872, Gaspard André obtint le deuxième prix au concours pour la construction du Théâtre de Genève et, en l893, le quatrième prix pour celui de la reconstruction de l’Opéra-Comique de Paris. Il mourut le l2 février l896 à Cannes âgé de seulement 56 ans.
Œuvres lyonnaises principales :
- – La fontaine des Jacobins à Lyon inaugurée en l886.
- – Le grand temple de Lyon inauguré le ler mai l884.
- – Le groupe scolaire de la rue Tronchet à Lyon inauguré en l887.
- – Le théâtre des Célestins à Lyon inauguré le ler août l877.
IV – LES FAMILLES ALLIÉES
Les alliances des Mangini avec d’autres familles, elles aussi célèbres méritent d’être mentionnées, au moins pour les principales. Les noms évoqués sont connus de tous, et il est juste de citer les actions les plus connues dans les domaines les plus divers. Pour les situer, nous vous proposons cet extrait de la généalogie Mangini.
Généalogie partielle
Lazare Mangini 1802–1869 + Louise Rolland 1814-1887
Louis "Lucien" 1833-1900 + Anne-Julie Gensoul 1843-1917
Félix 1836-1902 + Paula Seguin 1850-1914
Hélène + Léon Bérard 1888-1956
Louise 1883-1970 + Louis Gallavardin 1875-1957
Lucien-Lazare 1887-1916
Marie 1839-1923 + Louis Charles Balay 1828-1891
– Henri 1960-1925 + Marguerite Gilet
– Louise 1862-1952 + Ferdinand Balay 1859-1916
– Marie-Louise
– Lazare
Félicie Marie Célestine 1843-1872 + Augustin Seguin 1841-1904
– Louis 1869-1918 + Bénédicte Franc 1874-1942
– Paul Félix 1870-1898 + Laure Tonetti 1872-1897
Marc Seguin 1786-1875
Marc Seguin était un ingénieur et inventeur français, né le 20 avril 1786 à Annonay en Ardèche et mort le 24 février 1875. Cet homme hors du commun eut 19 enfants et vécut 90 ans. Sa mère était Augustine-Marie-Thérèse de Montgolfier, il est donc par sa mère le petit neveu de Joseph et Etienne Montgolfier les inventeurs des ballons à air chaud.
Cet homme extraordinaire travailla sur de nombreux chantiers avec l’entrepreneur Lazare Mangini ; mais il fut aussi son ami et les deux familles étaient très unies. Il était le beau père de deux des enfants de Lazare Mangini, Félix et Félicie. Il travailla souvent avec Lazare pour de nombreux chantiers. Il n’est pas possible ici de citer toutes ses réalisations, toutes ses inventions. Citons seulement les plus représentatives.
Les locomotives
Inventeur de génie, Il est à l’origine de la deuxième voie de chemin de fer française, Lyon-Saint-Étienne.
Sur cette ligne roulèrent les premières locomotives françaises que Seguin construisit sur une base de locomotive de George Stephenson mais équipée de son invention, la chaudière tubulaire qui sextuplait la puissance développée par ces machines. L’ébullition est provoquée par la circulation de l’air chaud issu du foyer dans des « tubes à feu » traversant le corps de chauffe.
Les ponts suspendus
Marc Seguin apporte de nouvelles conceptions en matière de résistance des matériaux. Il construit son premier pont sur la Cance, petite rivière près d’ Annonay en Ardèche, en 1822, il s’agissait d’une passerelle de 18 mètres. Le pont suspendu était connu depuis l’antiquité. Mais on ne connaissait comme support que cordes ou chaînes en fer forgé, ce qui ne permettait de franchir que des rivières étroites.
Le deuxième pont est construit sur la Galaure, près de Saint-Vallier dans la Drôme, en 1823, sur une longueur de 30 mètres, et une largeur de 1,65 mètre.
Avec le troisième pont, sur le Rhône, entre Tournon et Tain-l’Hermitage, Marc Seguin et ses frères mettent en place le premier grand pont suspendu léger construit en Europe continentale, avec câbles en fils de fer et travées de 85 m dit la "Passerelle".
Ce type de construction sera le prélude à la construction par les frères Seguin, tant en France qu’à l’étranger de 186 autres ponts suspendus sur le même modèle, Tancarville et le Golden Gate Bridge de San Francisco en 1937, en étant les plus fameux descendants.
Le transport fluvial
Utilisant le principe de la chaudière tubulaire, Marc Seguin crée une société de transport fluvial afin d’assurer un service régulier, sur le Rhône, entre Arles et Lyon. Le premier bateau à vapeur le "Voltigeur", sort d’un chantier d’Andance en 1824. Il comporte trois chaudières, munies chacune de quatre-vingts tubes de 4 centimètres de diamètre et de 3 mètres de long, ce bateau fit plusieurs voyages sur le Rhône entre Vienne et Lyon,
Le chemin de fer Seguin de Saint-Etienne à Lyon
Le 27 mars 1826, Marc Seguin et ses frères (Camille, Jules, Paul et Charles), et Édouard Biot (le fils de Jean-Baptiste Biot de l’Institut) obtiennent l’adjudication de la ligne de chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon pour la "Compagnie du Chemin de Fer de Saint-Etienne à Lyon" au capital de 10 millions de francs, dont les statuts furent approuvés le 7 mars 1827.
Afin de réaliser la jonction de la Loire au Rhône le chemin de fer passe dans la vallée accidentée du Gier par Saint-Chamond, Rive-de-Gier et Givors, sur une distance de 58 kilomètres. La "Compagnie du chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon" dut acheter quelque neuf cents parcelles de terrains, nécessaires pour la réalisation de la ligne. Ces acquisitions menèrent, pour la plupart, à de coûteuses et parfois dangereuses tractations.
Augustin Seguin (1841-1904
Augustin Seguin est né le 28 août 1841. Il est le premier enfant d’Augustine Montgolfier, deuxième épouse de Marc Seguin. Il aura lui-même onze enfants dont 4 de son premier mariage avec Félicie Mangini, fille de Lazarre Mangini. En 1866, Augustin devient directeur de la Société Anonyme des Chantiers de la Buire
Ses fils, Louis et Laurent développeront le moteur rotatif HP 50 Gnôme qui sera le premier moteur d’avion "fiable" permettant l’essor de l’aéronautique en tant que moyen de transport. La société Gnôme et Rhône sera cédée par la famille en 1925 et est devenue aujourd’hui la SNECMA.
Rappelons que Félix, le fils de Lazare, a été le beau père de deux grands médecins : Léon Bérard et Louis Gallavardin
Léon Bérard – 1888-1956
Léon Bérard est l’une des plus grandes figures de la médecine à Lyon : il a été parmi les premiers en France à ouvrir la voie aux traitements modernes du cancer, en combinant chirurgie clinique, radiothérapie et chimiothérapie. Le centre régional de lutte contre le cancer porte aujourd’hui son nom.
Né dans le Jura en 1870, Léon Bérard débute ses études médicales en 1888. En 1892, il devient interne à l’Hôtel-Dieu, alors dirigé par Ollier, le plus fameux chirurgien major du XIXe siècle. À l’arrivée de Bérard, le chirurgien Antonin Poncet vient d’ouvrir la première salle aseptique de France, objet de visite de médecins de Paris, Lille, Bordeaux… Rapidement remarqué pour sa vive intelligence, Léon Bérard devient l’un des élèves préférés d’Antonin Poncet. En 1896, Bérard soutient une thèse sur la thérapeutique chirurgicale du goitre.
Deux ans plus tard, il devient professeur agrégé à la Faculté de médecine. L’époque est riche en découvertes scientifiques et médicales : l’invention de la radiographie par Roëntgen et celle du cinématographe par les frères Lumière datent toutes les deux de 1895 ! Également passionné de médecine, Auguste Lumière finance les expériences d’Étienne Destot, pionnier de la radiologie à Lyon… Durant plusieurs années, Bérard et Destot peuvent ainsi faire de la recherche sur la vascularisation des viscères : ils injectent des sels métalliques opaques aux rayons X dans les pédicules nourriciers des organes et obtiennent de splendides images. En ce temps-là, la spécialisation des chirurgiens est loin d’être une obligation, et Léon Bérard travaille sur plusieurs fronts. En 1908, il publie un « Traité de chirurgie du corps thyroïde » et, en 1914, « L’appendicite, étude clinique et critiques », ouvrage de référence co-écrit avec Paul Vignard sur une pathologie alors encore mortelle. Bérard touche à tout : classification des tumeurs osseuses et premiers essais de radiothérapie, neurochirurgie, ostéomalacie infantile… Léon Bérard fut aussi un précurseur en chirurgie thoracique.
Louis Bénédict Gallavardin 1875-1957
Médecin, issu d’une vieille famille de Saint-Priest, et d’une famille de médecins. Il a exercé à Lyon, où il s’est rendu célèbre par son étude de l’angine de poitrine.
Louis Gallavardin étudié la médecine à la faculté de médecine de Lyon, devenant interne en 1895 et Médecin des Hôpitaux de Lyon en 1902. Il a publié 360 articles sur la médecine cardiovasculaire de 1898 à 1945, couvrant l’ensemble du sujet en dehors de malformations congénitales. Jusqu’en 1910, il s’occupait de médecine générale, et après 1910, il a mis l’accent sur la cardiologie.
Son livre « La tension artérielle en clinique » publié en 1910, fut le texte standard sur la mesure de la pression artérielle. Il a réalisé l’importance de électrocardiographie, Et publié sur les arythmies, en particulier la tachycardie ventriculaire. Il a décrit un type de sténose aortique qui n’a as été rhumatismale à l’origine, et décrit les efforts syncope dans la condition. Il a étudié l’angine de poitrine, et décrit ce syndrome dans « Les Angines de Poitrine » en 1925, il a maintenu la conviction que la maladie coronarienne en était la cause.
Il a fondé une école indépendante de la cardiologie à Lyon à un moment où Louis Henri Vaquez dominé la cardiologie en France.
Il a également participé à l’action de l’institut de recherches cardio-vasculaires de Royat : c’est une fondation privée d’origine municipale à direction universitaire qui fut créée en 1946 sous le double patronage de la Société française de cardiologie, présidée alors par lui, et de la Faculté de médecine de Lyon dont le doyen était un éminent physiologiste, Henri Hermann.
Ce dernier délégua son adjoint, Fernand Jourdan, autre éminent physiologiste, pour assurer la direction de l’Institut qu’il allait conserver pendant une quinzaine d’années.
Cette vocation physiologiste du laboratoire devait s’épanouir d’autant mieux que le gaz carbonique, élément thérapeutique principal de l’eau de Royat, se prête parfaitement à l’expérimentation physiologique.
Dans la lignée médicale de la famille Gallardin, on note :
- Jean-Pierre Gallavardin (1825-1897)
- Jules Gallavardin (1872-1917)
- Emmanuel Gallavardin Stomatologiste.
- Robert Gallavardin (1913-1952)
- Léon Gallavardin
- Louis Gallavardin, cardiologue. Il fut vice-président du 1er Congrès Mondial de Cardiologie en 1950. Chacun avait sa propre spécialité (homéopathie, psychiatre., stomatologue…)
Joseph Gensoul (1797 1858)
Le beau père de Lucien Mangini (fils de Lazare), s’est lui aussi illustré dans la médecine. Il avait réussi en 1818 le concours de l’Internat des Hôpitaux et en 1822, celui de chirurgien-major de l’Hôtel-Dieu. Après sa thèse de doctorat passée à Paris en 1824 et intitulée " Essai sur la réunion immédiate des plaies après l’amputation des membres ", il prit son poste à Lyon en 1826 et fit preuve d’une grande habileté chirurgicale : ainsi il réussit la première résection totale du maxillaire supérieur effectuée sur Jean Marie Véricel, 17 ans, ouvrier en soie à Saint-Laurent-de-Chamousset, atteint d’une énorme tumeur à la mâchoire.
Un tableau peint montre J.Gensoul s’interposant courageusement à l’Hôtel-Dieu, entre les insurgés furieux et les militaires blessés, lors des émeutes de 1831 à Lyon.
Son épouse, Anne-Marie Malmazet, fille d’un administrateur des HCL lui avait donné trois enfants : deux garçons l’un ingénieur, l’autre avocat et une fille Anne-Julie.
Pendant ses 20 dernières années, J.Gensoul présida le Conseil d’Administration de l’Hospice des Vieillards de la Guillotière.
Sa mémoire et celle son père Ferdinand sont honorées à Lyon par la place Gensoul, dans le quartier de Perrache. Il existe également une rue Gensoul à Sainte-Foy-les-Lyon, où J. Gensoul possédait la propriété du " Signal ".