Fêtes, traditions et événements

Les Foires et Marchés d’antan

Résumé

De tous temps, lieu de passage, l’Arbresle devint aussi très tôt, la place d’armes de l’Abbaye de Savigny, le lieu où l’on administrait, où l’on rendait justice. Toutes ces activités supposaient que la ville abritait dans ses murs quantité d’artisans exerçant les professions les plus diverses, ainsi que des commerçants, et les populations d’alentour avaient de plus en plus d’intérêt a venir s’y approvisionner.

De quand datent les premières foires à l’Arbresle ? Difficile de le préciser, mais il est probable qu’elles prirent un essor important au XVe siècle quand Louis XI, grand politique et grand administrateur les créa par une multitude de lettres patentes dans de très nombreuses villes.

La démographie était en plein essor et les élites urbaines investissaient massivement dans les campagnes ainsi que dans le commerce et l’industrie, et les foires et marchés poussaient comme des champignons.

Le foire du chanvre

Il y avait la foire du premier mai, spécialement destinée à tout ce qui concernait la culture du chanvre, naguère si importante dans nos vallées. La graine du chanvre réputée de l’Arbresle, se vendait à cette foire spéciale. Outre son utilisation en semence, elle permettait de produire une huile d’assaisonnement, mais aussi servait à alimenter les lampes à huile pour l’éclairage. La production de chanvre étant alors des plus importantes dans notre Pays.

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La place de la République a toujours été un lieu privilégié pour les foires et les marchés

 La foire froide

 Le 9 décembre, c’était la « foire froide ». Il existait une différence entre les différentes foires  et c’est seulement à la foire froide que l’on pouvait trouver des animaux.

Le textile se vendait teillé[1], tressé en riton ou filé au fuseau, à la foire froide, tenue les 8 et 9 décembre.

Foire de Noël  le 26 Décembre

La foire du lendemain de Noël ne comportait pas d’animaux. Aussi cette dernière  était-elle qualifiée « d’Assemblée » et pouvait, elle, avoir lieu même le dimanche. Elle consistait, surtout, en la « louée » des domestiques, qui se pratiquait au petit jour, sur la place de la Mairie. Là, servantes et valets de ferme, reconnaissables au petit morceau de sarment fixé à leur chapeau, attendaient les offres et discutaient les gages offerts par les employeurs.

Les accords étaient généralement conclus pour un an, et le fait de les rompre en cours de saison était mal considéré.

Il y eut aussi une autre foire fixée au 22 Janvier, la foire de la Saint Vincent. Cette dernière ne réussira d’ailleurs jamais à s’implanter sérieusement et sera surtout, pour les vignerons des alentours, l’occasion de venir faire entre amis un bon dîner à l’Arbresle

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Pourrai t-on imaginer aujourd’hui, tenir un marché rue Charles de Gaulle ?

Des foires très fréquentées

Nous savons par les vieilles chroniques que ces foires étaient très fréquentées et que les habitants des hameaux et des villages voisins y accouraient en foule. Ainsi, de même que Lyon sa grande voisine avec laquelle sa destinée eut souvent tant de ressemblance et qui connaissait des foires renommées et florissantes, l’Arbresle, dès ces temps lointains devint un véritable centre d’attraction économique. Et pendant de longs siècles, à l’abri de ses murs, continuèrent de se dérouler ces transactions de plein air, toujours si appréciées des populations qui trouvaient la facilité d’y échanger denrées et marchandises, grâce au libre jeu de l’offre et de la demande.

Mais vint la période révolutionnaire, et une loi nouvelle troubla profondément les habitudes des Arbreslois et des habitants des pays  voisins. C’était la fixation des jours de marché au tridi et à l’octidi de la décade. On persistait à se réunir aux jours d’autrefois. L’administration centrale fut obligée d’envoyer à l’Arbresle et à Tarare un commissaire, le citoyen Grandchamp, qui constata les mesures prises par les municipalités pour l’exécution de l’arrêté et les réquisitions adressées à la force armée pour empêcher l’étalage des marchandises sur la voie publique aux autres jours qu’à ceux indiqués.  Mais cela ne dura qu’un temps, et les choses bientôt purent reprendre leur cours ordinaire. 

Les dangers des foires

La Règle de l’abbaye dans son article 12 : « Défend le vagabondage aux moines et leur enjoint de ne pas aller aux foires et marchés à moins que leur office ne le demande. » Les moines fréquentaient donc les marchés, les foires, les baptêmes mondains, les danses et même les femmes « déshonnêtes », puisqu’on leur défendait. La robe blanche du bénédictin était certainement déplacée dans les assemblées publiques.

Les forains n’étaient pas épargnés non plus ; des lettres patentes du roi Charles VI signalent que le fermier de St Symphorien venait encaisser indûment l’impôt sur les terres de l’abbaye, alors qu’ils ne devaient intervenir que « …seulement en leur siège de St Symphorien des cas de souveraineté et ressort ; néanmoins, Jean Pèlerin, sergent d’armes du roi, châtelain et fermier du dit St-Symphorien, Jean Sarron, pour être plus à portée de mal faire a établi son domicile à l’Arbresle et lorsqu’ils savent que les foires et marchés se tiennent en la terre des religieux de Savigny, ils y vont pour piller et rober les povres marchands et simples gens du plat pays qui s’y rendent, les prenant, les arrêtant sur les chemins à course de chevaux et en la ville comme pillards et les sèchent en leur bourse, leur enlèvent les mailles blanches, les gros vieux et autres monnoies [2] qui ne sont de cours, les aunes avec lesquelles ils mesurent leurs toiles et draps et les draps mêmes afin de leur faire perdre la vente et les forcent de cette manière à composer avec eux… »

L’ambiance de la foire

Les jours de foire la ville, réveillée de bonne heure présentait un aspect inusité. Elle était peu à peu envahie par les marchands forains qui cherchaient à installer leurs bancs aux endroits les plus passagers, et par des ambulants de toutes sortes, musiciens, chanteurs de complaintes, etc…

Et c’était bientôt le gai tintamarre des fêtes populaires, la foule circulant dans un joyeux brouhaha de musique, de chants et de cris divers, pendant que, bénéficiant de cette affluence, le commerce local, et surtout les cafés, faisaient les plus brillantes affaires ; certains de ceux-ci ne manquant pas d’organiser bal ou « café chantant » pour retenir la jeunesse, le soir venu, le plus longtemps possible.

La guerre de 1914 a interrompu nos vieilles foires qui n’ont jamais pu reprendre leur cours du fait de conditions économiques devenues trop différentes. Pour les mêmes causes ont disparu ces Comices agricoles auxquels s’intéressaient tant les populations rurales de notre canton.       

Les marchés

Dès le XIIe siècle, grâce à l’abbé Milon qui gouverne l’Abbaye à cette époque, la ville est dotée de trois marchés hebdomadaires. Celui, toujours très important du vendredi ; un autre plus restreint, qui se tient le Mardi sur la place de la mairie (place de la République actuelle) et un troisième fixé au dimanche et qui n’aura qu’une existence éphémère,

Des tentatives ont cependant eu lieu pour faire revivre ces vieilles institutions en les adaptant aux exigences nouvelles. Il y eut ainsi après la dernière guerre, des Foires Expositions, accompagnées de quinzaines commerciales (voir Arborosa n° 20).

Les marchés hebdomadaires se tenaient là où il y avait de la place. Avant que la rue Charles de Gaulle soit percée au XIXe siècle, la rue principale était l’un de ces lieux. Bien que portant le nom de Pierre Brossolette, illustre Résistant, et devenue une rue piétonne, beaucoup d’Arbreslois continuent à l’appeler « rue du marché».

Il y avait ainsi des foires et marchés dans d’autres villages, en particulier à Savigny, siège du monastère et à Sain Bel, résidence des abbés à une époque. Les abbés, Seigneurs en leurs terres, prélevaient une taxe sur les ventes. Ainsi Dalmace (qui fit construire la forteresse de l’Arbresle en 1060, établit un droit sur la vente des bestiaux au marché de Sain Bel, droit qui fut consacré à la nourriture des frères au réfectoire. Selon les besoins, cette destination pouvait changer. Ainsi comme il fallait beaucoup d’argent à ce grand bâtisseur, Dalmace dût augmenter, en 1066, les impôts de ce marché.

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 "Marché aux animaux de L’Arbresle" peint en 1851, et qui représente avec beaucoup de précision et de vie, une foire dans la cour du château.

L’original de cette toile est au musée des Beaux-arts au Palais Saint-Pierre à Lyon, Mais des reproductions sont visibles, à la Mairie et au Musée de l’Arbresle. Ce tableau constitue un vrai reportage à lui tout seul.

Le jeune peintre – il n’a que 27 ans en 1851 quand il réalise cette toile – s’attache à intégrer dans son œuvre le plus grand nombre d’informations possibles sans nuire à sa composition de l’ensemble ; attitude du bonimenteur, costumes des maquignons, races bovines différentes, réalisme des animaux qui semblent réellement en mouvement, architectures Renaissance et ruines moyenâgeuses, sellerie, objets usuels. Il met son talent au service de la connaissance et de la curiosité.

[1] Tiges de chanvres débarrassées de leur écorce, la teille

[2] 1351, 28 mai. Paris. Lettres patentes qui ordonnent la fabrication des mailles blanches d’argent qui auront cours pour six deniers parisis la pièce et règlent le cours des deniers d’or à l’écu, des doubles noirs et des mailles blanches. En Lyonnais c’étaient 3 francs de 12 gros vieux de 20 deniers ou de 16 gros neufs de 15 deniers, pour 4 florins de 9 gros vieux

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