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L’hôtel de la Tête Noire

Résumé

  La restauration de la grande cheminée du XVIème siècle de l’ancien hôtel de la Tête noire (aujourd’hui dans la boulangerie du Four banal), nous a donné l’occasion de rassembler les quelques informations que nous connaissons.

Il s’agit d’un des rares hôtels intramuros, les autres étant dans les faubourgs comme celui de la Cour avec l’hôtel de la Pomme de Pin aujourd’hui disparu, qui se trouvait au 1 rue Charles De Gaulle ou l’hôtel du cheval Blanc, à l’angle de la place de la Liberté et de la rue Emile Zola. Le plus important était le faubourg St Julien avec l’auberge des Trois Maures, celle du Cygne et du Cygne Blanc, du Dauphin et du Petit Dauphin.

Dans « Coup d’œil sur l’Arbresle », Philippe-Auguste Gonin décrit la Tête Noire à son époque vers les années 1860-1870 : « A l’angle de la place (du Four banal) à gauche, et de la rue du Grand Pan se voit la belle habitation à tourelle de la famille de St Lagé, dont les fenêtres à croisillons avec vitraux colorés à losanges, et les vastes et antiques cheminées étaient choses remarquables ».

 « Ce grand hôtel de la rue du Marché occupait l’emplacement du n° 13 de la rue Pierre Brossolette, aujourd’hui emplacement de la « Boulangerie du Four banal ». La rue Peillon n’existait pas encore; elle fut ouverte en 1857.

Il était très renommé ; des personnages célèbres y séjournèrent. Il existait un important service de transport à cheval, de diligence et de courrier postal. Plus tard il fut appelé Hôtel Peillon. »

(B. Rostaing)

""  Photo prise du clocher de l’église.

La flèche indique l’emplacement de la boulangerie du « Four banal » qui occupe une partie de l’ancien hôtel de la « Tête noire ». À gauche, la rue Peillon.

""  En rouge, sur une photo actuelle, l’emplacement occupé par l’hôtel de la Tête Noire. Le mur d’enceinte est figuré en jaune

""  Extrait du plan de l’Arbresle de 1750.

L’hôtel de la Tête noire s’étendait de l’actuelle rue Pierre Brossolette jusqu’à l’ancien rempart sur lequel s’appuyaient l’écurie-grange.

Les voitures entraient par un portail percé dans la muraille qui ouvrait sur une vaste cour.

Au centre de la cour, il y avait un puits. Tout autour on trouve la maison de Jean Thomas, la maison et cour de veuve Gros, puis une cave et pigeonnier, les écuries avec chambres au-dessus, une petite cour  permettait d’accéder à la « lavanderie » L’escalier à vis dans la tour hexagonale distribuait les différents niveaux de la maison, tels que l’on peut les voir encore aujourd’hui.

L’hôtel proprement dit était une seule maison aujourd’hui divisée en deux propriétés.

L’entrée des voyageurs à pieds se faisait place du four.

On voit que les écuries et la cour occupaient une place importante; en effet, elles pouvaient accueillir jusqu’à cent quatre-vingt chevaux.

À droite, on peut aussi remarquer un petit bâtiment en longueur : les latrines, nécessaires pour un nombre aussi important de voyageurs faisant halte à l’hôtel !

Dans la grande pièce d’accueil se trouve la cheminée du XVIe siècle objet d’une restauration récente (août 2011)

Propriétaires successifs

1448 – Terrier Burrionis Rente de Mr l’abbé de Savigny

« discret Etienne Grolier article 1er »

« Isabelle veuve de Pierre Constantin et fille de Jean Fromentin article ?

Discret Etienne Grollier article 2 »

1515 – Nommées ou dénombrement des biens meubles et immeubles possédés par les habitants de Lyon (Cote CC0021-1)

«  Jean Grollier gendre de Jean Bellion ; pour ses meubles 200 livres «  accoultré par les commissaires (après) avoir considéré le trespas de la veuve Bellion, qui estoit en 200 livres de meubles à 300 livres » Ce Grollier possède de plus une étable dans la rue Angèle, à Lyon, et à l’Arbresle une maison de la Teste noire, estimée 80 livres ».

1749 – Baptème d‘Estienne Roche fils d’Antoine Roche et Antoinette Tricaud. Marraine Antoinette Roche, domestique demeurant chez le sieur Saint Lagé, hôte du logis de la Tête noire. (registres paroissiaux).

1750 – L’hôtel de la Tête noire appartient aux sieurs Saint Lagé père et fils

1885 –  Plan d’alignement. Le propriétaire est Jacques Suilly

1890-1900  –  Famille Bourricand

1900-1925  – Famille Lièvre (photo)

Vers 1925-1933 – Famille Cellier

Vers 1933-1936 –  Ravet

Vers 1938-1944 – Bajard

Vers 1945 – Maki puis Veramus suivi de Bertholllier

19651996 – M. et Mme Combier. Travaux intérieurs en 1984. Boulangerie

1996-2001 – René Jamet

2001 à aujourd’hui – Jean-Claude et Christine Evesque. Travaux intérieurs et réfection de la façade en 2011. Boulangerie appelée aujourd’hui : "Boulangerie du Four Banal".

""  La façade de la boulangerie « Lievre », vers les années 1920. La plaque indique Rue du Marché et à l’angle, il y a un éclairage au gaz.

 

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La rue Peillon ouverte en 1857, sur l’emplacement  de la cour de l’hôtel de la Tête Noire. La tourelle est encore couverte d’une toiture très pentue, modifiée depuis.

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La tourelle et son escalier à vis qui dessert les différents étages des deux propriétés actuelles

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La grande cheminée, du XVIe siècle avant et pendant les travaux de restauration  en août 2011

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La plaque foyère du XVIIIème siècle,nettoyée de toute trace de peinture et de ciment ! Cette plaque est aujourd’hui exposée à l’Espace découverte de l’Arbresle. 

Cette plaque de cheminée en terre cuite, provient de l’ancien hôtel de la « Tête Noire », aujourd’hui à l’emplacement du n° 13 de la rue Pierre Brossolette. (anciennement rue du Marché).

Le motif répété huit fois représente :

Les racines et la tige d’une fleur de lys, avec feuilles et fleurs de part et d’autre de la hampe.

Au-dessus une couronne surmontée d’une fleur de lys royale De chaque côté de la tige, une croix pattée. Une étoile.  (B. Rostaing)

 

Notes sur la famille Grollier

Très ancienne famille du Lyonnais issue d’Adam Groslier anobli en 1394. Elle est connue dans l’échevinage de la ville de Lyon, depuis Etienne élu en 1495, Antoine en 1509, Claude en 1522, François en 1546, François en 1569, Georges en 1575, Antoine sieur de Servières receveur général des finances en Dauphiné en 1578.

Armes : D’azur, à trois besants d’or surmontés chacun d’une étoile du même. (Dictionnaire universel de la noblesse de France).

 

François Grollier, secrétaire du Roi en 1551, est l’auteur de cette famille, qui s’est partagée en trois branches principales dont l’aînée était celle des seigneurs de Servières. La seconde, des seigneurs de Lépieu en Dauphiné, a donné Imbert de Grollier, capitaine de la ville et des forces de Lyon en 1580.

A la troisième branche appartenait Jean Grollier de Servières (1479-1565) qui épouse en 1520, Anne Briçonnet. « Bibliophile célèbre qui fut chargé de plusieurs missions diplomatiques à Rome et dont la bibliothèque a jeté un vif éclat par le gout et la beauté de ses reliures ».

Plus près de nous :

Gaspard de Grollier de Servières. 1677-1745, épouse en 1704 Louise de Chevrier

Antoine de Grollier 1707-1763, épouse en 1728 Gabrielle Colbert de Villacerf

Pierre Louis de Grollier 1730-1793, épouse en 1760 Sophie de Fuligny-Damas

Eugène de Grollier 1765-1810, épouse en 1797 Bonne désirée de Choiseul-Praslin

Emma Genevieve de Grollier 1802-1827 épouse en 1824 Antoine Hippolyte Bellet de Tavernost de Saint-Trivier, lequel se remarie en 1832 avec Caroline Louise Geneviève Ubaldine de Grollier 1809-1879, sœur d’Emma.

 Les Grollier au château de Bélair à Fleurieu

Jehan Grollier seigneur de Bélair, épouse Renaude de Fenoyl

Antoine Grollier –1545 seigneur de Bélair, épouse vers 1486 Louise de la Fay

François Grollier –1577. seigneur de Bélair,  épouse Françoise de Grillet

Antoine Grollier de Servières, né vers 1545-1606, épouse en 1581 Marie Camus

Charles Henri Grollier seigneur de Bélair 1597– 1644, épouse en 1632 Eléonore Charrier

Gaspard Grollier seigneur de Bélair 1532– 1688. Epouse Marie Baudoin

Nicolas Grollier sans postérité.

 

Note : Bélair passe alors à Mathieu Micolier vers 1647, puis aux Claret de Fleurieu et ensuite aux Valous. En 1827 de Valous vend à Reverchon, en 1842 : Marduel. En 1876 : Rivière-Marduel

Puis Charvet, Trichard et Brun.

Quelle serait l’origine du nom de : Tête Noire

Tiré de l’étude « Réflexion sur Tête Noire » de Bertrand Lacroix (2004)

Son étude a eu comme point de départ l’existence d’un ancien tableau fixé au-dessus du porche d’entrée du bâtiment de la Tête Noire à St-Symphorien de Lay, tableau censé représenter Geoffroy Teste Noire.

L’auteur a cherché  à expliquer l’origine du nom suivant plusieurs hypothèses parmi lesquelles nous pouvons retenir

            – l’origine par Geoffroy Tête Noire, « routier » de la guerre de cent ans, qui a guerroyé dans la région et y a laissé une mauvaise renommée tant la crainte qu’inspiraient ces « tard-venus » était grande. Cette hypothèse n’est pas retenue car le nom de Tête noire ou Tête de Maure existait déjà sur des enseignes, elles-mêmes reprenant une appellation antérieure. A noter qu’un autre hôtel à l’Arbresle, « hors les murs », avait pour enseigne : l’hôtel des trois Maures.

            – L’origine par un nom courant d’appellation des auberges et relais sur les grandes routes, une enseigne, avec comme source le drapeau Sarde ou Corse. Le groupe archéologique de Tarare possède d’ailleurs un très bel emblème en parfait état de Tête Noire, qui trônait à l’entrée de l’auberge du même nom en cette ville. 

 L’auteur cite plusieurs exemples de nom d’auberges, d’hôtels ou de relais portant le nom de Tête Noire, mais il note aussi que « le nom de Tête Noire n’est pas systématiquement celui d’un relais ou d’une auberge, mais peut être un groupe de maisons ou un hameau. Nous sommes bien là dans la translation ou la migration d’un point initial, peut-être une maison, qui prend de l’importance du fait de sa situation propice, qui prospère grâce et avec ce nom et, par extension le communique à tout le hameau ou toute la rue ».

""  Dans la boulangerie rénovée, la cheminée de l’hôtel a été restaurée


 Pierre Forissier

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