Le patrimoine religieux

Chapelles oubliées

Résumé

Si le patrimoine religieux est largement représenté en France par les cathédrales, les basiliques et les grandes abbayes, il ne faut pas oublier la multitude de chapelles édifiées à peu de frais un peu partout par les moines et les croyants

Assez souvent, elles prirent la place des temples du paganisme, élevés eux-mêmes aux lieux et places des autels druidiques.

Elles étaient le lieu de regroupement des chrétiens pour la prière, pour rendre gloire à Dieu et pour y écouter le message évangélique. Les premières furent édifiées par les moines venus évangéliser et tout naturellement, elles rassemblèrent autour d’elles les habitants proches et les morts étaient enterrés tout autour d’elles.

 Sainte Madeleine : une église et une chapelle

 Nous avons eu l’occasion d’évoquer la Maison Dieu. Ces lieux de repos pour les pèlerins, les voyageurs sans gros moyens, rendirent de grands services. Très souvent, elles étaient accompagnées d’une église et d’un cimetière.

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C’était le cas à l’Arbresle ; la maison Dieu était située à l’emplacement de la Rue de Lyon peu après le pont de la Madeleine. L’église, toute proche était à l’emplacement de la résidence de la Madeleine, et le cimetière, à coté en direction du sud.

Selon Daniel Broutier : «La dernière transformation d’importance fut en 1895 la mise en chantier de la Gendarerie, rue de la Gare ». Elle nécessita la destruction de la chapelle dédiée à Sainte Madeleine, de l’église elle-même, et du cimetière voisin. Il ne faut pas commettre de confusion entre la chapelle et l’église. La première était un petit ouvrage construit au milieu du champ où l’on repose éternellement. La seconde fut partiellement détruite au cours de la Révolution et finit par disparaître presque intégralement en 1895. Il ne nous reste aujourd’hui que son harmonieux porche ogival. »

 Cette église très ancienne avait subi de nombreuses transformations et finit tristement sa carrière, transformée en écurie. L’abbé Vallin nous confie : «Cet hospice contigu au cimetière et à l’église de la Magdeleine était de chétive apparence ; l’exhaussement de la route avait enterré son rez-de-chaussée qui servait de cave et d’atelier de mousseline.

Sagement, au profit du bureau de bienfaisance, on a construit à sa place une maison où loge la gendarmerie ; mais je suis attristé de voir que l’église de la Magdeleine où l’on déposait le corps de nos ancêtres pour un dernier De profondis avant de les déposer dans la tombe, soit devenue une écurie. La sainteté du lieu méritait plus de respect ».

Le porche ogival a été restauré par la suite. Il est toujours visible près de l’entrée de la Résidence de la Madeleine.

Rue  du marché

""  Croquis de Gilbert Silvestre représentant l’ensemble de la salle

Il y avait rue du marché (rue Pierre Brossolette) une pièce insolite qui devait faire partie d’un prieuré. Rien d’insolite à priori. Une lettre de saint Jubin à Raoul, évêque de Tours, nous apprend qu’à l’époque de sa grandeur, l’abbaye de Savigny avait dix-sept charges ou offices dans son cloître, vingt-quatre prieurés, trois communautés de religieuses sous son obédience et plus de cent soixante églises sous son domaine et sa dépendance. L’un de ces prieurés était à l’Arbresle.                    

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 Dès le Xe siècle, les abbés des grands monastères fondaient, dans certains bourgs de leurs domaines, de petits couvents qu’on appelait cellœ ou abbatiolœ, car le nom de prieuré ne fut employé que plus tard, quand cet usage venu de Cluny se fut répandu un peu partout, c’est-à-dire vers le XIe siècle. Ces abbatiales étaient fondées pour surveiller les intérêts du couvent et pour encourager les donations pieuses.

 Sommes nous ici dans un prieuré ? S’agit il d’une chapelle ou d’une salle capitulaire ? Une chose est sûre, cette pièce  présente tous les signes d’une architecture religieuse.

Un pouillé, ou catalogue du diocèse de Lyon, de 1200, mentionne, parmi les prieurés de l’abbaye de Savigny, celui de l’Arbresle. Où était situé ce prieuré ? L’abbé Valin écrit :  « Je ne vois qu’une maison à l’ArbresIe qui offre les indices d’une maison religieuse, celle qui, du chef de sa grand mère dame Pignard, née Blanc de St-Bonnet, Clarisse Chanée dame Clémençon a portée en dot à son mari. Cette maison, située rue du marché, adjacente à la rue du Puits de la Chaleur, renferme un appartement qui fut transformé en cellier par M. Clémençon, ancien maire. Cet appartement a l’aspect d’une chapelle ».

 La décoration végétale de la croisée d’ogive est aussi fréquente. C’est un héritage de l’Antiquité ; les chapiteaux corinthiens étaient souvent décorés de feuilles d’acanthe, une plante qui servit de modèle aux architectes de l’Antiquité.  

Le nom d’acanthe a été donné en architecture aux ornements inspirés par cette plante dont il existe deux variétés principales; la première, dite acanthe épineuse, ne pouvait guère servir de modèle aux architectes de l’Antiquité; l’autre, l’acanthe molle (Acanthus mollis) ou Branca ursina, est celle qui a inspiré les artistes grecs et romains ainsi que ceux de la Renaissance et des Temps modernes par imitation de l’Antiquité.

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Elle a servi de base à des variations de détail véritablement très grandes qui ont pris pour point de départ une interprétation plus on moins libre de la nature; souvent elles transformaient des traductions déjà faites dans la pierre par des artistes antérieurs qui, plus d’une fois, surtout dans leurs dessins, ont copié ce détail trouvé par leurs devanciers sans en comprendre, comme eux, l’esprit et l’origine. On conte sans cesse l’anecdote devenue classique, qui suggéra la pensée de faire servir cette feuille aux besoins de l’architecture. C’est aussi un des plus fréquents motifs des sculptures de l’art roman.

Les chapelles du château

 Un plan de la forteresse telle qu’elle était au XVème siècle nous indique une chapelle à l’arrière du donjon (2) ; une autre, dite église de Dalmace(1), et l’église que nous connaissons actuellement mais qui à cette époque ne comportait que trois travées (3), deux autres travées et le clocher ont été rajoutées au XIXème siècle (vers le haut sur la photo)

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Ce plan établi par l’élève architecte Henri Duchampt (qui fut tué prématurément pendant la guerre de 1914) nous a maintes fois démontré sa fidélité à la réalité, mais il ne nous dit pas de façon précise les dates de construction de ces édifices, ni leur état au 15ème siècle.

Le chanoine Picard nous dit : «C’est ainsi que, dans l’enceinte du château de l’ArbresIe, on a pu déterminer l’emplacement d’une petite chapelle desservie par un aumônier. Il existe en effet, aux archives du Rhône, dans le fonds de Savigny, un plan très complet de l’ArbresIe au XVIIe siècle. Or, dans I’enceinte du Château, à l’ouest de la tour du donjon, se trouve indiqué un petit bâtiment servant de chapelle. II s’agit sans doute d’une celle ou abbatiole. Le service religieux dura jusqu’au jour où l’abbaye tomba en commandite. Ce furent alors des prêtres séculiers, nommés par l’Abbé de Savigny, qui assurèrent la messe quotidienne»

 L’abbé Vallin nous précise : «Dans le préau du château, on a trouvé les fondements d’une église ou chapelle et des squelettes dont les cadavres enterrés dos à dos, indiquaient, sans doute, des victimes assiégeantes ou assiégées »

On peut supposer que cette chapelle a été construite en même temps que la forteresse et qu’elle servait de lieu de culte à ceux qui vivaient là.

Mais alors pourquoi le plan nous indique une autre chapelle tout près de là dans le vingtain ? C’est Philippe Auguste Gonin qui nous propose sans doute la solution : «Deux églises, aussi rapprochées dans une forteresse , telles que celles du préau et du vingtain paraissant une anomalie peu explicable, on doit supposer que la première était ruinée lorsque l’abbé Dalmatius fit élever la sienne.  »

Par ailleurs, il nous confirme : …« Dans la seconde partie, le préau, avait existé une église ou chapelle plus antique, bien antérieure à celle de l’abbé de Savigny; lorsqu’on a retrouvé, il y a quelques années, ses substructions dans le sous-sol, à un mètre de profondeur, on a pu remarquer que ses dalles, très frustes, étaient l’indice certain d’un long usage »

Les arguments développés par P.A. Gonin semblent vraisemblables, comme il semble logique que l’abbé Dalmace ait fait élevé une chapelle près du château lors de sa construction et compte tenu qu’une partie de la gestion de l’abbaye allait se faire ici. La petite chapelle indiquée près du donjon sur le plan devait donc être à l’état de ruines, et antérieure à la construction de la forteresse.

 

 Bibliographie :

– Notice sur l’Arbresle de l’abbé Vallin

– Monographie de l’Arbresle de Philippe-Auguste Gonin

– Histoire de l’Arbresle et de l’abbaye de Savigny en Lyonnais du chanoine Picard

– L’Arbresle, la grande histoire d’une petite ville, de Daniel Broutier

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